Camille, l'instigatrice du jubilatoire compte Je m'en bats le clito, mais aussi la handballeuse professionnelle Estelle Nze Minko, sans oublier la phénoménale chanteuse Pomme... Elles sont nombreuses et iconiques, les personnalités à apparaître dans une vidéo de l'association Règles élémentaires. A l'occasion de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle, le collectif féministe décoche de salvatrices piqûres de rappel au sujet d'un enjeu encore trop peu énoncé et pourtant si universel.
L'idée de ce spot ? "Briser les tabous et faire en sorte que chaque femme puisse gérer au mieux ses règles", nous explique-t-on. Visionnée plus d'une dizaine de milliers fois en quelques heures, cette vidéo fait la part belle aux témoignages et à l'engagement des paroles militantes - car on y entend également la voix de la journaliste Rebecca Amsellem, créatrice de l'essentielle newsletter Les Glorieuses. En ce jour rouge sang, chaque intervenante est bien décidée à "rompre le silence" quant aux menstruations et à ce qu'elles impliquent.
Ce mot d'ordre fédérateur est d'ailleurs décoché avec un emoji "Rosie la riveteuse" à l'appui : "C'est tou·te·s ensemble que nous pouvons changer les règles". A bon entendeur.
"Je me suis rendu compte de la précarité menstruelle assez jeune. Je suis partie de chez moi assez tôt donc j'ai dû aller acheter mes propres produits toute seule. Et en regardant les gammes de prix je me suis vite rendue compte qu'on était pas toutes égales face aux règles !", déplore face-caméra Estelle Nze Minko. Il est bon de le rappeler. Car malgré la médiatisation plus évidente du sujet, la précarité menstruelle fait encore des ravages à travers le monde.
La preuve ? Un sondage Ifop nous apprenait l'an dernier que pas moins de 1,7 million de Françaises manquent encore de protections hygiéniques. Des inégalités qui s'expliquent entre autres par le prix des serviettes et autres tampons. Selon une étude britannique, le coût des règles dans la vie d'une femme dépasserait effectivement le cap des 21 000 euros. C'est colossal.
Et aux quatre coins du globe, l'on ne compte plus les actualités tragiques indissociables de cette précarité indigne : l'on pense notamment à ce que subissent un grand nombre de jeunes filles au Kenya, humiliées et exploitées, jusqu'à la mort parfois, pour des histoires de protections hygiéniques.
Il faut dire qu'en 2020 encore, les règles suscitent les pires complexes. La honte et la culpabilité s'enlacent volontiers lorsqu'une telle thématique pointe le bout de son nez. C'est ce que déplorent d'ailleurs les passionnantes Elise Thiébaut et Jack Parker dans leurs opus respectifs (Les règles, quelle aventure ! et Le grand mystère des règles: Pour en finir avec un tabou vieux comme le monde), cités par Rebecca Amsellem dans cette courte vidéo. De belles lectures pour approfondir ces réflexions, et pas simplement un jour par an.
"Il serait temps de rendre les protections hygiéniques gratuites. Personne n'achète un tampon ou une serviette par plaisir, par bonheur. Ce serait quelque chose de normal que ces protections soient déposées dans des cités universitaires, dans des endroits où l'on trouve une vraie précarité", déclare encore la blogueuse Emanouela du côté de Règles Élémentaires. Des déclarations fortes. Qui n'attendent qu'un peu de bon sens en retour.