Quelles sont vos propositions pour changer la vie des femmes ? C’est la question à laquelle les candidats à la présidentielle étaient invités à répondre, hier, à l’occasion de la « grande journée présidentielle » organisée par le magazine Elle dans l’enceinte de Sciences-Po Paris.
Devant un parterre de journalistes, de représentants d’associations et d’étudiants de l’école de la rue Saint-Guillaume, François Hollande, François Bayrou, Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan le matin, puis Marine Le Pen et Eva Joly, se sont succédés à la tribune pour détailler leurs mesures, aussi bien sur le thème du mariage homosexuel, des places en crèche que de l’avortement.
En début d’après-midi, la présidente du Front National a ainsi rappelé sa position sur la question, nullement intimidée par l’accueil glacial que lui avait réservé l’assemblée. Opposant « avortement de confort » et « avortement de douleur », elle n’a cessé de marteler que « le droit à l'avortement ne doit pas aller au détriment du droit de donner la vie. Il n'y a pas de quoi huer, il n'y a pas de quoi se scandaliser. Oui au droit à l'avortement, non à celles qui en abusent ».
Lunettes de soleil sur le nez afin de cacher les hématomes dus à son récent accident, la candidate écologiste s’est, quant à elle, placée en défenseur des femmes portant le hijab (voile islamique). « On peut mettre (la laïcité) dans tout ce qui est service public, à l'école, on vient même de la mettre pour les sorties en car... Mais personnellement, j'ai le souci de l'intégration de ces femmes, je trouve que c'est une double peine », a ainsi déploré Eva Joly. Egalement interrogée sur son sentiment dans l’affaire Baby Loup, du nom de la crèche ayant licencié en 2008 une salariée refusant d’ôter son voile, elle s’est insurgée. « On s'occupe beaucoup de son foulard à elle, pas beaucoup de la barbe de son mari ! »
Finalement, seuls quatre prétendants à l’Elysée - Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jacques Cheminade et Nicolas Sarkozy - n’auront pas participé à l’événement animé par Valérie Toranian, rédactrice en chef du magazine Elle, et Bruce Toussaint, journaliste d’Europe 1. Le président-candidat, qui avait confirmé sa venue et était attendu aux alentours de 17 heures, a estimé, au dernier moment, que « les conditions de sécurité n'étaient pas réunies » pour qu’il puisse venir débattre sereinement. Venue le remplacer au pied levé, sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, a été accueillie sous les huées.
Une journée achevée dans la confusion, qui a néanmoins séduit les étudiant(e)s de Sciences Po. « L’occasion de voir, dans une seule et même journée, la majorité des candidats à la présidentielle est unique, estime Laura, en master de Journalisme. Je pense que les écouter a été très enrichissant pour l’ensemble de l’auditoire, que ce soit pour valider son intention de vote ou pour sa culture personnelle. » Quant au parti de ne les faire intervenir que sur des questions liées aux femmes ? « C’est un peu dommage, regrette Thomas, en troisième année de Droit. Tellement de thèmes sont absents de cette campagne. D’un autre côté, ce choix n’est pas étonnant, les questions de femmes font partie de l’ADN des organisateurs ».
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