Lire à voix haute ce qui l'excite tout bas. Se détacher de la pornographie mainstream qui ne la satisfait pas. Et puis, surtout, susurrer au creux de nos oreilles des mots qui éveillent nos sens. Pour toutes ces raisons, Colette a décidé de lancer son podcast. Un projet baptisé Colette se confesse, qu'elle décrit elle-même comme "sensuel" et "fun".
"Suite à une rupture amoureuse, j'étais à la conquête de moi-même", nous confie-t-elle. "J'avais une liste d'envies en tête à explorer avec la découverte de mon célibat. J'avais acheté un petit dictaphone et j'enregistrais chaque instant qui, d'après moi, 'sonnait beau'. Lorsque mes amis me voyaient en soirée avec mon casque sur les oreilles, je pouvais paraître coupée du monde. Pourtant, à l'écoute des voix chaleureuses amplifiées, je me sentais vivre ces instants de bonheur au plus intime. Lorsque, interloqué·e, on me demandait ce que je faisais, je répondais discrètement : 'J'enregistre les souvenirs'".
Plus tard, elle se met à lire des textes érotiques. Jusqu'à ce qu'un soir, elle décide de s'enregistrer les réciter. "C'était marrant. On m'a encouragée à continuer", se souvient l'intéressée. C'est ainsi que le concept est né. Depuis février 2020, Colette conte - parfois accompagnée - des anecdotes "sur fond d'histoires vraies" qui nous transportent autant qu'elles nous émoustillent. Elle confesse ses envies et ses fantasmes. Et nous, on en redemande.
Pour en savoir davantage sur la femme derrière la voix, on lui a posé quelques questions (cul). Acceptation de soi et de ses désirs, pouvoir des glaçons, élégance de Cillian Murphy et nécessité d'ouvrir le dialogue sur nos sexualités : autant de sujet évoqués par écrans interposés.
Colette : S'exprimer sexuellement, c'est s'exprimer pleinement. C'est la rencontre de nos anges et de nos démons intérieurs face aux projections et aux fantasmes du ou des partenaire·s de jeu. Le sexe est un terrain de jeu où les règles peuvent être sans cesse remises en question. Ce sont des corps nus qui se rencontrent et qui s'aventurent. Des personnalités qui s'apprivoisent pour mieux se compléter.
Pour moi, l'empowerment, c'est :
- Assumer sa sexualité, quelle qu'elle soit, c'est prendre le dessus sur le conditionnement qu'on subit depuis l'enfance, et accepter fièrement ce que l'on aime et ce que l'on aime pas.
- Connaître ses limites, savoir dire non mais aussi oser essayer, oser demander ce que l'on souhaite. L'initiation au voyage commence par explorer l'inconnu !
- Jouir librement, mais aussi choisir de jouir intérieurement, de parfois avoir envie de garder le meilleur pour soi, ou à l'inverse, de laisser exploser son bonheur généreux aux oreilles de ses voisins curieux malgré eux, ou pas.
- Se mettre à nu·e est l'expression de soi la plus ultime. C'est une terre d'accueil où l'on écoute et où l'on comprend les envies de chacun·e et où l'on s'explore jusqu'à assouvir nos curiosités les plus intimes. Apprendre à se connaître sexuellement c'est apprendre à dire non. Mieux se connaître, c'est l'opportunité de mieux pouvoir s'affirmer.
C. : Je répondrai à cette question quand je les aurai tous testés (rires). Sinon, j'avoue avoir un petit penchant pour le chaud-froid... J'adore les glaçons. Sentir le froid fondre de bonheur au contact de ma peau brûlante... jusqu'à ce que les doigts et les langues réchauffent mon corps bientôt à nouveau en feu.
C. : Un des premiers qui me vient en tête est L'empire des sens, de Nagisa Ôshima. Je me souviens de l'intensité crue de ce film qui m'avait étrangement marquée. C'était la première fois que je me projetais autant dans un film et dans la manière dont la passion est imagée.
Je ne l'ai vu qu'une fois et il y a des années, mais j'ai le souvenir de la pulsion charnelle qui octroyait aux personnages principaux une absence de toute limite. Sorti en 1976, L'empire des sens est encore aujourd'hui très controversé. J'ai lu des articles sur Internet qui le catégorisent comme un film pornographique pour la simple raison qu'il comporte de nombreuses scènes sexuelles.
Pour moi, ce film, c'est la métaphore de l'amour dans le sens le plus intense du terme. Le sexe passionnel nous retranchant dans nos convictions et nos limites pour faire ressortir le meilleur comme le pire de nous-mêmes.
C. : Le·la voir me regarder prendre du plaisir. J'adore entrevoir chez mon·ma partenaire son regard captivé par mes élans de jouissance. Je me sens puissante quand je lâche prise et qu'avec mon sourire le plus désoeuvré, j'ose lui montrer à quel point j'aime ce qu'il·elle me fait. Ses caresses s'aventurent de manière dantesque le long de mon corps et je ne me cache pas de lui faire comprendre ce que j'aime avec le langage corporel.
En somme, je crois que ce qui me fait sentir puissante, c'est de sentir à quelle point je plais et ô combien l'autre me plaît aussi. Le plaisir par procuration mutuelle, ça c'est bon ! Nous jouissons du bonheur de l'autre.
C. : J'ai quelques exemples contradictoires chez les hommes. Charlie Hunnam (Sons of Anarchy) quand il se concentre. J'adore quand sa maxillaire se contracte, c'est chelou ou pas ? Dans un tout autre style, Cillian Murphy dans Peaky Blinders, doté d'une élégance folle. Les costumes de la série lui vont si bien, il en devient charmant à souhait !
Pour finir... Je suis sapiosexuelle. Je trouve les gens intelligents ultra-sexy, je suis facilement charmée par les dires d'un scientifique ou de quelqu'un qui parle d'un sujet qu'il maîtrise. J'avoue avoir une certaine attirance pour Stephen Hawking et d'avoir fantasmé tout du long sur Eddie Redmayne dans le film Une merveilleuse histoire du temps qui lui a valu en 2014 l'Oscar du meilleur acteur. J'aurais aimé être celle qui lui décerne le prix !
C. : Trois petits mots si simples et pourtant si forts... Je fréquentais quelqu'un avec qui j'avais une jolie complicité mais rien de sérieux. Un soir alors qu'il frôlait l'intérieur de mes cuisses, il m'a soulevée jusqu'à glisser sa tête à leur niveau pour les embrasser. Il effleurait mon duvet du bout de sa langue. Ensevelie sous ses baisers, je lui confiais combien je le trouvais doué. Il m'avait simplement répondu de sa voix rauque : "Je te désire."
C. : EN PARLER ! Quand mon entourage a commencé à écouter ce que je faisais, les réactions étaient bien plus positives que celles auxquelles je m'attendais. Sensuel, audacieux et courageux sont les mots qui sont le plus revenus à mes oreilles. Je n'avais pas imaginé que susurrer des coquineries dans un micro pouvait être vu comme courageux.
Et puis avec du recul, j'ai compris ce que j'étais en train de produire : à ma petite échelle, je suis une femme qui se découvre et s'assume tous les jours un peu plus. A plus grande échelle, je suis un maillon parmi toutes les autres femmes qui imagent à quel point c'est un kif d'être sexuellement libérée.
Colette se confesse, disponible sur toutes les plateformes d'écoute.