Le cheveu est politique. Qu'ils soient crépus, courts ou longs, les cheveux en disent toujours long sur les préjugés d'autrui. Et, bien souvent, sur les pensées racistes et/ou sexistes qui contaminent quantité d'esprits étroits. C'est ce que démontrent par exemple toutes celles qui, sur Instagram, n'hésitent pas à célébrer la beauté des cheveux crépus et naturels - comme les jeunes instigatrices des comptes Holy Kurls et Nos cheveux extraordinaires.
Après l'histoire d'Arnold, exclu de sa remise de diplômes à cause de ses dreadlocks, un autre fait divers illustre bien tristement cet état des lieux : les discriminations subies par le jeune Cyrus Taniela, cinq ans seulement. Le directeur du Australian Christian College, l'établissement où étudie l'enfant, a effectivement obligé ce dernier à se couper les cheveux, sous peine d'être tout bonnement exclu de l'école. Le motif ? Trop longue, sa chevelure ne respectait pas les "règles" - plutôt vagues - de l'établissement scolaire chrétien. Une injonction scandaleuse qui relance le débat du racisme capillaire.
Et qu'importe si cet ordre dicté par Gary Underwood, le directeur de cette école privée australienne, bafoue la culture du petit Cyrus. Effectivement, comme l'énonce le DailyMail, l'enfant est originaire des Îles Cook. Et dans cet État du Pacifique Sud, couper les cheveux d'un jeune garçon n'est pas un geste anodin, non, c'est un véritable rite de passage, qui doit avoir lieu lors d'une cérémonie familiale. Depuis longtemps, les parents de Cyrus avaient décidé que cette cérémonie festive aurait lieu au jour de son septième anniversaire, à Sydney, en compagnie de toute la famille - des centaines de membres. Un événement très spécial donc. Mais aujourd'hui, directeur comme porte-paroles du Australian Christian College ne veulent rien entendre.
Sur Facebook, l'Australian Christian College ne présente aucune excuse, insistant sur la nécessité de respecter "les politiques, procédures et directives du Collège", qu'importe les spécificités "des nombreux groupes culturels" intégrés au sein de ses bancs. Tel que le relate le DailyMail, Gary Underwood se serait quant à lui proclamé "partisan enthousiaste du peuple insulaire et de ses coutumes" tout en rappelant que les cheveux des élèves "se doivent d'être propres". Comprendre, les tifs trop généreux ou insuffisamment lissés seraient forcément négligés et sales. De fait, cette école n'accepte pas grand-chose, même pas les queues de cheval.
Mais pour Archie Atiau, le président du Cook Islands Council of Queensland (un Conseil qui tend à représenter et défendre les droits des citoyens des Iles Cook), "c'est à la famille de décider si ses cheveux doivent être coupés ou non". C'est d'ailleurs pour fustiger cette injonction scolaire abusive que la famille a décidé de porter plainte auprès de la Commission des droits de l'homme du Queensland. Un souhait légitime.
Car bien qu'il ait trait à une structure australienne, le règlement restrictif qu'évoque Gary Underwood nous renvoie à une situation plus globale, et notamment aux nombreuses discriminations capillaires que subissent les citoyens afroaméricains. Aux Etats-Unis, de nombreuses entreprises et écoles interdisent effectivement la coupe afro, les dreadlocks ou même les tresses. C'est d'ailleurs pour autoriser cette diversité capillaire et contrer ces interdictions que la Californie a adopté le Crown Act - tout comme ont pu le faire New York et le New Jersey.
"Aujourd'hui, il est légal de discriminer les Noirs sur le lieu de travail ou dans les écoles en raison de leur coiffure naturelle", déplore la page officielle de ce décret. D'où l'importance de "rejoindre le mouvement" et défendre cette loi. Car la discrimination capillaire touche bien des individus, quelle que soit leur localisation, ou leur âge.