François Hollande et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault sont en bonne voie pour la mise en œuvre de leur politique du « changement » : il semble en effet que les résultats du premier tour des élections législatives marquent le pas vers une majorité absolue pour la gauche parlementaire. Une majorité appelée depuis un mois par le PS et qui est indispensable au gouvernement pour asseoir ses réformes.
La majorité absolue à portée de main pour le PS
Or d’après les résultats définitifs communiqués par le ministère de l’Intérieur, le PS et ses alliés historiques pourraient à eux seuls remporter plus de 289 sièges dans la future Assemblée nationale, une première depuis 1981. Ainsi, le PS et ses alliés totalisent 34,4% des voix, contre 34,07% pour l’UMP et ses alliés. Le bloc de gauche est crédité de 46,77% des suffrages, comprenant les 5,46% des Verts et 6,91% du Front de Gauche. Le FN quant à lui a remporté 13,6% des voix et le MoDem 1,76% des suffrages.
En projection en sièges à l’Assemblée nationale, cela représenterait donc entre 12 et 17 sièges pour le Front de Gauche, entre 288 et 324 pour le PS et ses alliés (radicaux et divers gauche), entre 10 et 15 députés pour EELV, entre 0 et 3 pour le MoDem, entre 224 et 261 pour l’UMP et ses alliés (nouveau centre et parti radical) et entre 0 et 2 sièges pour le FN.
Une bipolarisation renforcée
Cette élection marque une forte bipolarisation du paysage politique français : ce sont en effet les petits partis qui pâtissent le plus des résultats de ce premier tour. Pour exemple, le cas quasiment désespéré de François Bayrou, qui se retrouve en troisième place dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques et qui sans accord avec l’une des grandes formations n’a que très peu de chances de se faire réélire le 17 juin prochain. Il en va de même pour Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont : arrivé en troisième position derrière la candidate FN qui a remporté plus de 40% des suffrages et le candidat socialiste Philippe Kemel, le leader du Front de Gauche ne se qualifie pas pour le second tour.
Le Pen l’emporte haut la main sur Mélenchon
«Son échec démontre la déconnexion totale entre lui et l'électorat populaire», a souligné Marine Le Pen. M. Mélenchon, qui a rapidement reconnu sa défaite, a décidé de se retirer afin de faire gagner la gauche, et a appelé ses troupes à « ne pas se laisser abattre » tout en disant avoir « le cœur paisible » pour « quitter cette scène, mais pas le département ». Mais si Marine Le Pen qualifie son parti de « troisième force politique en France » et se réjouit des 13,6% effectués par le FN, sans alliés les frontistes ne peuvent espérer avoir plus de trois députés à l’Assemblée.
Taux d’abstention record
Par ailleurs, ce premier tour a été marqué par un taux d’abstention record de 42,77%, contre 39,6% en 2007. C'est le plus faible taux de participation pour un premier tour d'élections législatives. En raison de cette abstention record, le nombre de triangulaires sera beaucoup moins important que prévu, autour d'une quarantaine. D’ailleurs, le PS propose un désistement républicain face aux candidats de l’UMP en cas de triangulaires impliquant le FN. Une stratégie que n’adopte pas l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon appelant à maintenir les candidats « partout où ce sera possible ».
La situation délicate de Ségolène Royal
Parmi les candidats en suspens d’ici le second tour, Ségolène Royal se retrouve en danger dans la 1re circonscription de Charente-Maritime. Arrivée en tête avec 32,03% des suffrages, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle est néanmoins talonnée par son rival, le dissident socialiste Olivier Falorni, qui totalise 28,91% des suffrages. Alors que l’ancienne élue des Deux-Sèvres vise le perchoir de l’Assemblée, ses ambitions nationales risquent de s’arrêter net le 17 juin prochain.
Ballotages ou victoires pour les anciens ministres
Dans la 2e circonscription de Paris, l’ancien Premier ministre François Fillon rate de peu l'élection dès le premier tour, avec 48,62% des voix. Laurent Wauquiez crée la surprise dans la 1re circonscription de Haute-Loire, avec 49,7% des voix, tout comme Nathalie Kosciusko-Morizet à Longjumeau. Parmi ceux qui sont arrivés en tête, on compte également Éric Woerth, Benoist Apparu, Jean-Louis Borloo ou encore Xavier Bertrand. L'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui a devancé le DVD Thierry Solère, est en ballottage favorable dans les Hauts-de-Seine. Nadine Morano est quant à elle devancée par un socialiste, tout comme Hervé Novelli. Rama Yade a été éliminée au premier tour.
À droite, le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé veut croire que « tout est encore possible » et appelle à une « mobilisation massive ». « De ce que je vois l’UMP est un peu devant le PS, les socialistes devraient en rabattre un peu ! Les Français sont très inquiets du matraquage fiscal qui s’annonce et en matière de sécurité » a-t-il déclaré dimanche soir. De son côté François Fillon ne voit pas de « vague rose », tout comme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui lance : « cette vague rose dont on me parlait, je ne l’ai jamais sentie ».
Crédit photo : AFP
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