Nadia Tereszkiewicz, volcanique dans "Les amandiers" et poignante dans "L'île rouge", nous étonne encore dans "Rosalie", portrait de femme à barbe inspiré de la vie véritable de Clémentine Delait. On a aimé ce conte moderne sur les stéréotypes de genre, à découvrir en salles, tant et si bien qu'on vous en parle longuement ici.
Mais l'actrice Césarisée aime aussi à s'exprimer en dehors des caméras. Elle y déploie ses convictions. Au Figaro, elle est ainsi revenue sur la dernière cérémonie des César. Et plus encore, sur le discours qui a bousculé la salle cette soirée-là : celui de Judith Godrèche. "Elle était stressée, je l'ai félicitée", se souvient la comédienne.
Aux César ce soir-là, face à une assistance d'une silence religieux, Judith Godrèche avait déclamé : "C'est compliqué de me retrouver devant vous ce soir, vous êtes si nombreux. Serait-il possible que nous puissions regarder la vérité en face, prendre nos responsabilités ? Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas. Ou à peine. Où êtes-vous ? Un chuchotement, un demi-mot, ce serait déjà ça"
Pour Nadia Tereszkiewicz, il n'est pas tant question d'estime à l'adresse de celle qui a porté plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon... mais d'admiration. On a lit : "Je suis très heureuse de faire partie d'une génération pour laquelle les choses changent. Je remercie Judith Godrèche et toutes les femmes qui ont parlé..."
Et Nadia Tereszkiewicz de développer sur le même ton : "Les femmes qui parlent donnent une voix à celles qui n'en ont pas. Grâce à elles, on se dit qu'on va pouvoir travailler en sécurité dans ce métier qui est tellement beau. J'espère que cette prise de conscience collective est irréversible".
Judith Godrèche elle-même était revenue sur son discours des César. C'était dans les pages du Parisien. "C'était très angoissant ce discours", avait-elle avoué sans détour. "J'avais l'impression d'entrer dans une forteresse complètement fermée, d'arriver dans un dîner où certains auraient préféré que je ne sois pas là".
"Mais il fallait que j'aille au bout de ma démarche. Que je regarde ce milieu droit dans les yeux. Je continuerai, je ne lâcherai pas. Même si c'est très douloureux, j'assume le sentiment de 'trahir' en quelque sorte la grande famille du cinéma. Il y a un silence que je vis au jour le jour"
On vous recommande la minisérie créée, réalisée, écrite, et interprétée par Judith Godrèche, "Icon of French Cinema". Elle est encore disponible sur le site d'ARTE. C'est un petit bijou d'autodérision, d'humour cinglant, qui dévoile également, on s'en doute, une sourde gravité, pleinement autobiographique. Une réussite.