On a tendance à mettre en lumière les paroles d'actrices engagées, soutenant ouvertement les paroles des victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi que leurs témoignages, sur leurs propres expériences, loin d'être idylliques lorsqu'il est question d'un monde marqué par l'omerta, celui du cinéma.
Mais certaines comédiennes partagent plus volontiers leurs réticences quant aux luttes féministes... Et au mouvement #MeToo, qui se déploie depuis plus de six ans déjà. C'est notamment le cas d'une actrice que le public de TF1 connaît bien : Hélène de Fougerolles. La révélation du Péril Jeune de Cédric Klapisch s'est vue interrogée au sujet de la libération de la parole dans l'émission 50' Minute Inside, présentée par Isabelle Ithurburu.
Et s'est exprimée en ces mots : "J'ai peut-être fait un ou deux castings un peu pourris, avec des gens qui en profitaient, mais ça fait partie de l'histoire, et ça ne m'a pas atteint, je ne me sens pas abîmée, ce n'est pas quelque chose que je vais revendiquer !". Et l'actrice de poursuivre...
"Le féminisme ? ca ne me parle pas du tout", a développé Hélène de Fougerolles dans l'émission de la première chaîne. "Je me sens équilibrée avec les hommes, je trouve que j'ai ma place. Je n'ai pas à me battre pour être à égalité, puisque je le suis". Des déclarations pas vraiment néoféminisme-friendly s'il en est. Et qui en vérité n'ont rien d'exceptionnelles.
Car cette voix en rappelle une autre dans l'esprit, celle de l'animatrice Alessandra Sublet. Interrogée par Mouloud Achour sur sa vision du féminisme, la personnalité médiatique n'avait pas hésité à partager sa... Perplexité. Doux euphémisme. "Je trouve qu'on s'est servi de ce mouvement pour arriver à un 'féminisme d'amazone' qui n'est pas le mien. Il faut que les femmes arrêtent de se chercher un ennemi".
L'occasion d'étriller l'absence de sororité : "Quand je te dis que j'aime les hommes, moi, j'ai beaucoup d'hommes qui m'ont portée dans ma vie, extraordinaires. Des femmes aussi, mais pas toutes. Elles ne sont pas toutes incroyables et géniales. Il y a eu de vraies harpies, de vraies connasses !"
Au creux de ces propos, cette idée selon laquelle l'égalité femmes/hommes serait déjà une réalité. Et non un combat qu'il faudrait mener. Un argument bien connue des militantes. Pourtant, témoignages accablants, sentiment d'impunité, inégalités salariales et pépites sexistes diverses démontrent largement l'inverse. Et rappellent l'indéniable persistance des violences patriarcales.
Sylvie Chaperon, historienne des féminismes, aime à ce titre dire les termes : "Etre féministe, c'est reconnaître la domination masculine. Lorsque l'on est une femme, cela revient à reconnaître que l'on est dominée. Ce n'est pas un constat valorisant. Etre une femme et ne pas être féministe, c'est finalement se protéger en se convainquant qu'il n'y a pas de problème."
Un débat qui n'en finit pas d'être nourri.