Lifestyle
"Je me suis libérée du soutif bien avant le confinement (et c'est formidable)"
Publié le 14 mai 2020 à 17:42
Par Terrafemina
Nombreuses sont les femmes à avoir délaissé leur soutien-gorge pendant ces longues semaines de confinement. Plus de confort, moins d'injonctions. Gala Avz, elle, a adopté le "no bra" depuis bien longtemps. Et la journaliste et créatrice du compte Insta @sorcieretamere nous encourage à faire de même. Voici sa tribune.
Femme sans soutien-gorge Femme sans soutien-gorge© Adobe Stock
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Pendant le confinement, les femmes ont été nombreuses à délaisser leur soutien-gorge. On appelle ce mouvement le "no bra" (pas de soutien-gorge en anglais), et on constate qu'il (re)prend de l'ampleur depuis quelques années. Pourquoi arrêter de porter des soutifs ? S'il peut paraître anodin, ce morceau de tissu est en réalité l'instrument d'un système oppressif et ce, à bien des niveaux : injonction à la beauté, hypersexualisation de la poitrine, inconfort...

Le soutien-gorge, une norme bien ancrée

Pour ma part, j'ai perçu le port du soutien-gorge comme un rite de passage quand j'étais plus jeune. Le jour où tu en portes, c'est que tu es enfin devenue une femme. Ça symbolise d'une part "la féminité", mais aussi notre grande entrée, en tant que femme, dans le monde de l'hypersexualisation. Autour de moi, toutes les femmes portaient des soutiens-gorge, sans exception. C'était la norme et je m'y suis pliée, sans rechigner.

J'ai acheté et porté des soutiens-gorge pendant près de 15 ans, sans jamais remettre en question ce morceau de tissu. Alors même que c'était inconfortable, que ça grattait, que ça me gênait. D'ailleurs, n'est-ce pas la première chose que vous faites lorsque vous rentrez chez vous, enlever votre soutif ? Pour se libérer, enfin.

Pendant le confinement, la délivrance

Il n'est donc pas étonnant que durant le confinement, nous ayons été nombreuses à ne plus en porter. Ce qui me pose cependant question, ce sont les raisons de cet arrêt soudain du soutien-gorge. Quelles en sont les motivations ? Le confort, c'est certain. Alors pourquoi précisément pendant le confinement et pas à un autre moment ? Parce que lorsque nous sommes confiné·e·s, nous ne sommes pas confronté·e·s au regard des autres.

Ce qui pose donc problème, c'est le regard des autres et plus largement, la perception que l'on peut avoir d'une poitrine féminine à travers un t-shirt. En ce sens, ce sont bien les questions que l'on me pose le plus souvent : "Comment fais-tu pour dépasser le regard des autres ?", "Et tu n'as pas peur d'être jugée ?", "Et comment tu fais pour qu'on ne voit pas tes tétons ?"...

De l'hypocrisie du soutif, la zone téton

Le soutien-gorge est empreint d'hypocrisie, et cela à plusieurs niveaux. Commençons tout d'abord par souligner le fait qu'il contribue à l'hypersexualisation de la poitrine, en la remontant, en la bombant, en la rendant la plus sexy possible sous les décolletés ... Parce qu'il faut la voir la poitrine, mais jusqu'à une certaine limite : la zone téton. Celle-là, elle est classée X. Le téton, c'est l'intimité du nichon. Et si c'est vrai, ça ne l'est que chez les femmes. Les hommes n'ont pas ce problème : leur poitrine n'est pas sexualisée, et leurs tétons ne sont pas tabous. Pourtant, impossible de différencier un téton masculin d'un téton féminin, comme le dénoncent très bien certains comptes Instagram.

Par ailleurs, le soutien-gorge permet de répondre à une injonction à la fermeté de la poitrine, à savoir que les seins doivent être bien tenus, bien en place, ne surtout pas tomber. Alors même que selon l'étude du Dr Jean-Denis Rouillon, ce fameux soutif aurait tendance à rendre la poitrine moins ferme. C'est un sacré cercle vicieux n'est-ce pas ? "Portez des soutifs pour qu'on ne voit surtout pas que vos seins tombent". Tout en sachant que lesdits soutifs aggravent ce soi-disant problème du "sein qui tombe". Problème qui soit dit en passant, n'en est pas réellement un. C'est ni plus ni moins qu'un diktat de plus.

No bra, pourquoi ?

Le no bra est pour ma part un geste militant à part entière. Mais libre à nous d'en faire ce que l'on souhaite. Je le fais surtout pour le confort, mais aussi pour libérer ma poitrine, m'émanciper des injonctions qu'elle subit (ce qui est un confort en soi).

Le no bra a bien des bénéfices et contrairement au port du soutien-gorge, il permet de garder la poitrine plus ferme. Mais attention à ce que cela ne devienne pas une nouvelle injonction. Vanter les mérites de la poitrine plus ferme, cela revient à l'enfermer de nouveau dans une case : elle ne doit surtout pas être flasque et tomber. Pour moi, le no bra, c'est arrêter d'uniformiser la poitrine et accepter toutes les formes, quelle qu'elles soient. Petites, grosses, pointant vers le soleil ou vers le sol, peu importe, elles sont toutes valables et surtout, elles n'ont aucun compte à rendre, à qui que ce soit.

Le no bra, pour moi, c'est faire un bras d'honneur à l'hypersexualisation de la poitrine féminine. C'est banaliser nos tétons. C'est se réapproprier nos corps. C'est soutenir mes soeurs qui ne peuvent pas allaiter tranquillement dans la rue. C'est montrer que nous ne sommes pas que des objets sexuels et que notre poitrine n'appartient à personne. Le no bra, pour moi, c'est finalement choisir, et arrêter de subir.

 

S'affranchir des injonctions

Le no bra a cela de magique qu'il m'a permis de me réapproprier mon corps. Faire le choix, pour une fois, d'arrêter de l'enfermer dans des soutifs. Choisir le confort plutôt qu'une norme de beauté. Choisir et non plus subir "parce que c'est comme ça qu'il faut faire".

Le soutien-gorge implique un certain nombre de normes. Quand on porte un soutif, nos seins sont comme la société attend qu'ils soient, et ne plus en mettre aide à s'affranchir de tous ces diktats.

Marylin Yalom nous explique dans son livre Le sein, une histoire, que la poitrine féminine n'a jamais vraiment appartenu aux femmes, que d'un côté "ils sont associés à la transformation d'une enfant en femme, au plaisir sexuel, à l'allaitement, de l'autre, ils sont de plus en plus associés au cancer et à la mort". Il est temps de nous émanciper de ces carcans et de nous réapproprier notre poitrine.

Vous êtes la seule décisionnaire

Je ne vous dirai pas d'arrêter de porter des soutifs, mais plutôt de faire ce que vous souhaitez avec votre poitrine. Vous êtes la seule décisionnaire lorsqu'il s'agit de faire des choix qui vous concernent et qui concernent votre corps. Faites simplement ce qu'il y a de mieux pour vous, tout en sachant que le no bra, vous y avez droit, peu importe votre poitrine. C'est un choix qui vous appartient.

Par Gala Avz, fondatrice des comptes Instagram @gala.avz et @sorcieretamere et du blog galasblog

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Lifestyle Société News essentielles feminisme corps confinement sexisme
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