Le catastrophisme, c'est la façon dont certaines personnes surestiment la probabilité que leur situation actuelle se termine par une catastrophe, et sous-estiment par la même occasion leur capacité à y faire face. En pleine pandémie, le phénomène en touche un bon nombre. Et nuit, plus ou moins gravement, à leur santé mentale. Car qui dit perspective d'apocalypse (pour la faire courte) dit aussi anxiété difficile à gérer. Des bouffées de stress nourries par l'incertitude du monde qui nous attend, et un dilemme intérieur qui oppose le fait de vouloir retrouver un semblant de normalité, et le souhait de ne pas retomber dans les travers liés au monde d'avant.
Pour apaiser notre esprit, il existe quelques techniques efficaces, qui mêlent auto-persuasion, respiration et communication. En voici cinq.
Pour s'attaquer à cette manie néfaste, il est d'abord essentiel de se rendre compte qu'on y a recours. "La meilleure façon de reconnaître si vous êtes catastrophiste est de vous demander s'il y a d'autres issues possibles dans la situation", explique Dre Martina Paglia, psychologue, à Stylist. "Identifiez la nature de la catastrophe et le meilleur scénario possible, puis réfléchissez à un point intermédiaire. Les statistiques nous disent que c'est ce qui a le plus de chances de se produire". En résumé, se dire que le pire cas imaginable n'en est qu'un parmi d'autres, et qu'il y a peu de risque que celui-ci arrive réellement.
Ce n'est peut-être pas très bon pour l'ego, mais honnêtement, à moins d'être soignant·e ou chercheur·se, notre champ d'action devant une crise sanitaire d'une telle ampleur est quasi nul. Et plus vite on l'aura compris, plus vite on pourra se raisonner. La psy conseille ainsi de prendre une pause, de se calmer deux secondes et de se rappeler "qu'il n'y a rien que nous puissions faire pour contrôler les choses". N'en déplaise aux Monica qui sommeillent en nous. "Beaucoup de gens ont tendance à vouloir tout contrôler - ils doivent planifier les choses à l'avance et les maintenir dans un certain ordre - il est donc très important pour eux de prendre le temps d'accepter qu'ils n'ont aucun contrôle sur ce qui se passe."
Elle ajoute également que "le pouvoir de l'acceptation est qu'elle peut empêcher les gens de s'inquiéter, parce que si vous êtes capable de vous arrêter et de penser que vous n'avez aucun pouvoir et que vous ne pouvez rien contrôler, vous serez lentement en mesure de penser et d'aborder la situation sous un angle différent".
Le catastrophisme, ça ne fait aucun doute, se base sur une imagination débordante, alimentée par des craintes personnelles et légitimes - mais peu rationnelles. "Dans le contexte actuel, il est facile de se sentir dépassé par les événements et de paniquer soudainement", développe Eugene Farrell, responsable de la santé mentale d'un groupe d'assurance médicale.
"Si vous vous sentez anxieux ou si vous vous retrouvez dans une spirale infernale, l'une des façons les plus simples de vous aider à traverser cette phase est d'analyser la manière dont vos pensées peuvent être déformées." Il explique ainsi qu'en étant conscient·e de ces schémas déraisonnables, on sera en mesure de reconnaître quand notre esprit fait des ravages, et donc plus à même de s'apaiser soi-même, voire de gérer ce qui peut l'être, à notre échelle.
"Lorsque nous nous inquiétons, notre esprit fluctue entre le passé et l'avenir et nous luttons vraiment pour être dans le moment présent", affirme Dre Paglia. On oscille entre des souvenirs idéalisés ou diabolisés, et un futur qui nous effraie sur lequel on projette le pire. Ambiance. La psy conseille donc de se recentrer sur ce que l'on vit actuellement. Et pour cela, il y a plusieurs techniques : d'abord, faire appel à ses sens. "Une bonne façon de s'aider à être dans le moment présent est de dire à haute voix ce que l'on peut voir, entendre, goûter, sentir et toucher, en utilisant nos cinq sens pour s'ancrer ici et maintenant".
Ensuite, respirer. "D'un point de vue corporel, la réaction à nos pensées catastrophiques est la même que la réaction de peur que nous avons lorsque nous sommes dans une situation réelle de danger - comme s'il y avait un tigre dans la pièce, par exemple. Le niveau d'adrénaline monte et le corps se prépare à courir très vite. Mais bien sûr, le danger est un danger que vous avez créé dans votre esprit, il n'y a donc rien que vous devez fuir. Il est donc vraiment important d'aider les gens à reprendre le contrôle de leurs niveaux d'hormones - en particulier l'adrénaline - et les techniques de respiration sont particulièrement utiles".
Par exemple, le rituel ancestrale du nadi shodhana, respiration nasale alternée enseignée par les maîtres yogis comme un procédé d'harmonisation du corps, permet de se calmer en 16 secondes à l'aide de son souffle et de sa main.
On ne vantera jamais assez les bienfaits de la communication. Qu'il s'agisse d'un·e proche ou d'un·e spécialiste, libérer sa parole demeure essentiel. Car en se confiant à quelqu'un "qui ne nous jugera pas ou ne nous critiquera pas, mais qui nous rassurera", poursuit l'experte, on peut trouver du réconfort et donc une certaine sérénité. De plus, les autres, avec bienveillance, peuvent nous rattacher à un avenir plus probable, et donc moins anxiogène. "Il est important que nous restions en contact", martèle Dre Paglia. Et on ne peut qu'acquiescer.