Anatomie d'une chute est passé d'événement pour cinéphiles, adeptes du cinéma polymorphe de la passionnante Justine Triet (qui ne réalise jamais le même film) à véritable phénomène mondial. Palme d'or, Golden Globes, bientôt Oscars et César : ce film de procès pourrait à la fois remporter dans les semaines à venir le César du meilleur film... Et l'Oscar du meilleur film.
C'est tout simplement historique.
Mais une telle oeuvre, hantée par l'ambiguïté, les non dits, les faux semblants, a forcément exigé des choix. Par exemple ? Esquiver les séquences trop évidentes. Ou clichés. C'est pour cela, nous a-t-elle appris en interview, que l'actrice principale a refusé à tout prix une séquence en particulier. A savoir ? C'est simple, relatent nos confrères d'Allociné : une scène d'amour ! Entre le personnage de Sandra Huller et celui de Swann Arlaud.
De quoi décevoir certainement les fans du "sexiest lawyer", surnom attribué par les twittos audit personnage d'avocat interprété par le comédien français. Mais la raison de ce refus est limpide ! Et difficile de la trouver absurde.
Auprès de la foule du Festival du film international de Rotterdam, Sandra Huller a témoigné à ce propos : "Il y avait une scène de sexe explicite dans le film, on pouvait voir cette relation, et la productrice Marie-Ange Luciani a dit : "S'il te plaît, ne la fais pas, c'est trop années 80", et c'est tout à fait vrai".
"Pourquoi les gens doivent-ils toujours prouver qu'ils s'aiment en couchant ensemble ? C'est tellement convenu !". Difficile de lui donner tort. On imagine que cette séquence aurait contredit la tonalité globale du film. Car pourquoi proposer une scène de sexe explicite dans un film dont la puissance tient... En l'implicite ? C'est contradictoire. Cela n'a pas du échapper à la réalisatrice !
Dans l'un de ses précédents longs, Sibyl, Justine Triet n'a pas hésité à filmer une scène de sexe explicite. Une façon de saisir le désir féminin et ses conflits, sous les traits de Virginie Efira. Mais il y a fort à parier qu'une telle séquence "frontale" dans Anatomie d'une chute aurait grandement perdu en cohérence.
Et ce choix devrait contenter la génération Z.
Une récente étude relayée par Entertainment Weekly nous a effectivement appris que ladite génération, celle des personnes nées entre 1996 et 2010, a fait vivement savoir leur désir de voir, en majorité, leurs séries et films préférés proposer "moins de scènes de sexe gratuites" et beaucoup plus de relations platoniques. En somme, il y en a assez de ces passages obligés ! Les scènes de fesses, démodées ?