Le 15 septembre dernier, le milliardaire Jared Isaacman partait pour la mission Inspiration4 à bord d'une navette SpaceX, accompagné de trois civils choisis pour le message qu'ils incarnaient. Hayley Arceneaux, survivante d'un cancer pédiatrique, Sian Proctor, professeure de géologie et Christopher Sembroski, vétéran de l'Irak.
Quelques semaines plus tôt, c'était à Jeff Bezos et Richard Branson de jouer à qui à la plus grosse fusée. Et d'ici 2028, le programme Artemis de la Nasa prévoit d'envoyer des personnes travailler à plein temps sur la lune.
Une conquête de l'espace fortement critiquée - principalement pour son impact écologique astronomique - qui amène tout de même certain·e·s à se poser des questions pratiques. Notamment, qu'en est-il du désir et des façons de l'assouvir quand on est aussi loin dans les airs ? La marque We-Vibe et Erobotics Research Consulting, une équipe de chercheurs spécialisés dans la sexologie dans l'espace, y répondent.
Pas simple de s'envoyer en l'air dans la thermosphère. C'est en tout cas ce que décrit le rapport détaillé intitulé "Sex Tech in Space ? The relevancy of sexuality in space for the public and agencies". Le texte énumère quelques obstacles qui pourront interférer avec nos pratiques courantes. D'abord, la gravité.
"Sans gravité suffisante, les corps ne sont pas attirés l'un vers l'autre, et le contact entre deux personnes nécessiterait un effort constant. La friction limitée réduirait les possibilités de plaisir pendant les rapports sexuels. Faire l'amour sur la Lune ou sur Mars serait comme faire l'amour dans une piscine, où la masse corporelle est moindre".
Ensuite, détail auquel nous n'aurions pas forcément penser : que faire de nos fluides corporels post-coït ? A lire l'article, ils risquent de s'échapper un peu partout dans la cabine ultra-confinée. Pas dingue. "Cette condition impose également aux astronautes un code d'hygiène strict afin de protéger l'environnement fragile des vaisseaux spatiaux et de minimiser le gaspillage de ressources rares comme le papier ou les préservatifs".
Et puis forcément, le manque flagrant d'intimité et de sons autres que ceux des autres passager·e·s et des machines pour faire diversion de nos potentiels gémissements. La solution ? Se masturber, en silence et bien équipé·e.
"Il y a un point où la durée [d'une mission] devient une partie de la question qui est de savoir s'il est juste ou non de priver les gens de cet aspect de l'être humain", s'interrogeait le professeur Paul Root Wolpe, bioéthicien à la NASA, en 2015, à propos de la masturbation interdite à bord. Pour les voyages au long cours, l'abstinence peut en effet peser.
L'étude suggère alors de développer et introduire des sextoys silencieux et adaptés à ces conditions extraterrestres. De plus, se faire du bien peut permettre de renforcer le lien avec le·la partenaire de l'astronaute, quand relation à distance il y a. "Ils peuvent aider à connecter de manière complexe, interactive et immersive des partenaires à distance afin de faciliter le maintien de l'intimité entre la Terre et l'espace".
Et les chercheur·e·s de conclure, alertant sur les conséquences du tabou coriace qui règne autour du plaisir solitaire jusqu'en orbite. "Il faut rappeler aux agences spatiales, et aux entités qui les soutiennent, qu'aborder les questions de sexualité d'un point de vue positif, scientifique, empathique et inclusif est primordial pour notre santé, notre bien-être et le succès de notre vie dans l'espace." Vers l'infini et au-delà ?