En France, les discussions et actions militantes autour des règles ont entamé une déstigmatisation essentielle. Nombreuses sont les personnes à désormais s'emparer du sujet librement, qu'il s'agisse d'aborder un vécu précis, un angle sociétal, ou de mentionner simplement qu'on a besoin d'un tampon.
Nombreuses, certes, mais pas majoritaires.
A lire les chiffres d'un sondage réalisé par OpinionWay pour Dans ma culotte, et publié ce jeudi 7 octobre, plus d'une personne sur deux (55 %) juge, aujourd'hui encore, inapproprié de parler des règles en public. Une proportion conséquente de la population.
Mais d'ailleurs, qui, exactement, pense de cette manière en 2021 ? D'après le rapport qui a interrogé un échantillon de 1051 individus représentatifs de la population française, c'est surtout très fréquent chez les plus de 65 ans, qui ont répondu ainsi à 73 %, et chez les 50-64, qui sont 61 % à frémir à la simple évocation du mot-qui-commence-par-un-"r". Chez les 18-24, la proportion tombe à 30 %.
Il y a la sphère publique, et puis la sphère privée. Un tiers des répondant·e·s confie ainsi ne jamais en parler dans leur quotidien (cercle proche compris), contre une personne sur dix seulement en-dessous de 25 ans. Pour le reste, c'est vers son ou sa partenaire qu'iels se tournent, ou vers ses amies.
Heureusement, quelques bonnes nouvelles se cachent aussi dans l'étude : 73 % des personnes interrogées affirment que les menstruations sont "naturelles" (on se satisfait de ce qu'on peut), et seuls 2 % des hommes y associent un sentiment de "dégoût" en y pensant. De quoi faire un peu oublier que... 9 % des femmes jugent les règles "dégoûtantes".
Les hommes participants ont également déclaré, à 48 %, se sentir tout aussi concernés par le sujet que les femmes, et estiment que ce sujet concerne tout le monde. 45 % d'ailleurs ont déjà fait l'achat de protections périodiques. Mais pour ce qui est d'être à l'initiative d'en parler avec leurs enfants en revanche, seuls 2 % des pères cochent cette case. Une fois sur deux, cela revient à la mère, et la conversation a lieu aux alentours de 10 et 12 pour 43 % des sondé·e·s - soit très peu de temps avant la puberté.
Ce qu'il faut retenir de ces chiffres, au-delà du fait que les jeunes générations aient clairement une longueur d'avance, c'est à quel point le tabou continuer de persister. Bien que 65 % des personnes interrogées se prononcent en faveur de la gratuité des serviettes, tampons et cup, reste une grande partie de la population française à ne pas vouloir en entendre parler ailleurs que dans l'intimité.
Raison de plus, finalement, pour que le débat perdure et se propage. Et ce, bruyamment.