L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé mercredi 20 mars qu'elle attaquait en correctionnel le réseau social Twitter et son président Dick Costolo, au motif que les auteurs des tweets antisémites remontant à octobre 2012 n’ont toujours pas été identifiés.
Jonathan Hayoun, président de l’UEJF explique : « Twitter joue la carte de l'indifférence en ne respectant pas la décision du 24 janvier. » En effet, le tribunal de grande instance de Paris avait imposé un délai de deux semaines au réseau social pour qu’il identifie les personnes à l’origine des tweets antisémites. « Ils ne se sont aucunement exécutés (...) En protégeant l'anonymat des auteurs de ces tweets, ils se rendent complices et offrent un boulevard aux racistes et aux antisémites », ajoute Jonathan Hayoun, qui réclame 38,5 millions d'euros que l'UEJF s'engage à reverser au Mémorial de la Shoah, selon le texte de la citation directe à comparaître devant le tribunal correctionnel.
C’est la diffusion de tweets avec les hastags #unbonjuif et #unjuifmort en octobre 2012 qui a mis le feu aux poudres à la relation entre l’UEJF et Twitter. Dès lors le combat judiciaire a commencé. La citation directe stipule : « C'est en toute connaissance de cause, et en application de sa politique commerciale affichée que la société Twitter Inc. s'est refusée » à déterminer les auteurs des tweets illégaux.
L'UEJF critique également le refus de Twitter de mettre en place une plateforme de signalement de message illégal, à l’image d’autres réseaux sociaux. Selon l'UEJF, c'est « de façon délibérée, avec une parfaite mauvaise foi et dans un but totalement étranger au respect affiché du droit américain » que Twitter est resté passif aux demandes de la justice française.
Par ailleurs, François Hollande qui était présent au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), mercredi 20 mars, a fustigé l'antisémitisme qui « n'est pas seulement la haine des juifs », mais aussi « la détestation de la France ». Avant de s’interroger : « Comment admettre qu'au début du XXIe siècle, la police soit conduite à protéger des écoles, comment supporter l'idée que des enfants puissent redouter de se rendre à l'école, et des parents de les y envoyer », évoquant les tueries de Toulouse et de Montauban en mars 2012, qui avaient fait 7 morts, dont quatre juifs. « La République sera en paix avec elle-même lorsque cette peur-là aura définitivement disparu », a-t-il déclaré.
François Hollande a notamment évoqué le fait que la lutte contre l'antisémitisme devait passer par l'éducation et l'enseignement de la Shoah qui « doit pouvoir être enseignée partout, dans tous les collèges et les lycées de France, dans nos villages, dans nos cités, dans nos banlieues. Ce n'est pas un enseignement à option que les maîtres hésiteraient à professer dans certaines circonstances ou devant certains élèves », a-t-il insisté.
Elodie Cohen Solal
#UnBonJuif : pourquoi Twitter n’a pas supprimé les tweets antisémites ?
#unbonjuif : peut-on porter plainte contre les trend topics antisémites sur Twitter ?
Antisémitisme : un site de figurines nazies épinglé