"You're not alone". Vous n'êtes pas seules. La voix est familière : c'est celle, chantante et grave, de Jane Birkin. La chanteuse iconique a décidé de participer à la nouvelle campagne de l'association Women for Women France, laquelle soutient les ressortissantes étrangères victimes de violences conjugales dans l'Hexagone.
C'est précisément le but de ces vidéos courtes et percutantes relayées sur les réseaux sociaux et sur YouTube : s'adresser auxdites victimes, trop souvent ignorées, dans leur langue maternelle. Car la barrière du langage ne doit pas être un frein dans la lutte contre les violences domestiques, sexistes et sexuelles, Women for Women privilégie l'ouverture polyglotte pour faire entendre des infos primordiales : comment agir, qui contacter, où aller. A partager.
"Il existe des solutions pour vous protéger, vous et vos enfants. Demandez de l'aide. Vous n'êtes pas seules. Si vous subissez des violences conjugales pendant cette période, la police viendra quand même", assure Women for Women France au gré de ces spots. Un rappel nécessaire. Car en temps de confinement, les abus s'exacerbent, contre les femmes, les enfants, contre soi. En France, on a ainsi pu observer une hausse de 30% des violences conjugales ces deux dernières semaines.
De plus, les forces de l'ordre ont enregistré une augmentation des signalements de 36% à Paris et dans la périphérie. D'où l'importance, pour les principales concernées, d'avoir accès à des ressources non seulement nécessaires, mais vitales. "Il s'agit d'atteindre [les victimes] dans leur propre langue pour qu'elles sachent que la société française se soucie suffisamment d'elles pour faire des vidéos à leur attention", insiste l'association.
Et au-delà des paroles anglophones de l'interprète de Je t'aime moi non plus, on retrouve celles, en italien, de la comédienne Ariane Ascaride. L'ambition de cette série de vidéos, salutaire, est de n'invisibiliser aucune des milliers de femmes d'origine étrangère confinées en France. Les célébrités font primer la solidarité et la prévention en ces temps où, comme l'énonce ONU Femmes, les violences conjugales (mais aussi sexuelles, économiques) et les féminicides s'apparentent à une véritable "pandémie fantôme". On ne peut mieux dire.
"Etre loin de leurs réseaux de soutien familiaux et amicaux, ne pas encore maîtriser le français, être plus exposées à la dépendance économique et administrative vis-à-vis de leur compagnon, avoir peur d'être séparées de leurs enfants, ne pas bien comprendre le système français et de ne pas connaître les dispositifs d'aide (associations, services sociaux...), tant en ce qui concerne le droit de la famille que celui des victimes...", sont autant d'impasses et d'angoisses auxquels se confrontent les victimes d'origine étrangère aujourd'hui, tel que l'énumère Sarah McGrath, la fondatrice de Women for Women France.
Espérons que cette campagne puisse changer la donne.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.