Chaque année en France, 10 000 plaintes pour viol sont déposées, soit 27 par jour. Dans le monde, c'est une femme sur trois qui est victime de violences physiques et sexuelles. Face à cette banalisation de la violence à l'égard des femmes, et à trois jours de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le gouvernement présente ce vendredi son 4e plan triennal. Destiné à faire de la lutte contre les actes de violence subis par les femmes une « priorité de santé publique », ce nouveau plan interministériel prévoit de « doubler les moyens » jusqu'ici mis en œuvre pour « ne laisser aucune violence déclarée sans réponse pénale, sanitaire et sociale ». 66 millions d'euros devraient être alloués pour les trois prochaines années à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le gouvernement s'est notamment fixé comme « défi essentiel d'accélérer la réponse aux urgences médicales en cas de viol pour assurer les constatations de la façon la plus précoce et accompagner les victimes dès le premier recours aux soins. » À cette fin, le plan interministériel prévoit l'expérimentation dans plusieurs services d'accueil des urgences et au domicile de la victime d'un « kit de constatation en urgence ». Déjà utilisé aux États-Unis par les Sex Assault Response Team, il permet d'effectuer de manière précoce des prélèvements en cas de viol et d'accélérer le processus de prise en charge de la victime.
Le plan gouvernemental détaille aussi les mesures prises pour lutter contre les violences conjugales. Chaque année en France, 220 000 femmes subissent les coups de leur compagnon, mais moins d'une victime sur trois se déplace à la police ou la gendarmerie pour dénoncer ces violences. Parce que « la main courante sans suite était devenue le symbole des appels au secours laissés sans réponse », le nouveau plan prévoit un meilleur accompagnement des victimes dans leurs démarches en encourageant le dépôt de plainte. Le gouvernement demande notamment aux préfets et aux procureurs d'appliquer localement le plan d'action en systématisant « une visite différée au domicile de la victime lorsque le dépôt de la main courante aura été consécutif à une première alerte des forces de l'ordre ».
Le plan prévoit aussi un meilleur accompagnement des victimes dans leurs démarches (hébergement, prise en charge des enfants, accompagnement judiciaire, social et sanitaire). Le gouvernement souhaite notamment doubler le nombre des intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries. D'ici 2017, la création de 1 650 places d'hébergement d'urgence est aussi prévue, ainsi que celle d'une formation spécifique des professionnels potentiellement concernés (médecins, travailleurs sociaux, enseignants, magistrats, avocats, policiers, gendarmes ...).
Enfin, parce que la lutte des violences faites aux femmes passe aussi par la prévention, une campagne intitulée « contre les violences, libérons la parole » sera diffusée à partir du 22 novembre à la télé et à la radio.
Contre les violences, libérons la parole ! par droitsdesfemmes
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