Les faits supposés font froid dans le dos. Recueillis par le collectif Stop VOG, qui dénonce les violences obstétricales et gynécologiques, les témoignages relatent des scènes insoutenables.
Sur 32 récits qui se seraient déroulées entre les murs de l'Hôpital privé d'Antony, 15 ciblent directement un gynécologue obstétricien déjà condamné en 2016 à 8 mois de sursis simple pour agression sexuelle sur une jeune femme de 34 ans, rapporte Le Parisien .
Le premier relayé par le quotidien, et publié le 16 mai sur les réseaux sociaux, est celui d'une ancienne patiente. Elle a accouché en 2015, dans des conditions qui l'ont laissée en "stress post-traumatique pendant quatre ans", décrit celle qui a porté plainte en novembre 2021 contre le spécialiste pour "viol et torture".
"Je ne savais pas qu'un médecin pouvait agresser une femme pendant son accouchement", entame-t-elle. Elle raconte son intervention, alors que sa péridurale ne fonctionne pas. "Il me fait une épisiotomie dont je n'aurai connaissance que plusieurs jours après mon accouchement. Il utilise les forceps avec une telle brutalité que j'ai failli mourir de douleur !" Peu après l'accouchement, ce sont des sutures à vif du périnée qu'entreprend l'homme. "Quelques jours plus tard, il se vantera auprès de mon mari de m'avoir fait le point du mari", se souvient-elle.
Une deuxième femme dénonce : "Il m'a fait un décollement de membranes sans me prévenir pour accélérer mon accouchement, ça m'a fait hurler de douleur. Ma deuxième fille a eu des problèmes dès la naissance, très graves, aujourd'hui je me pose la question de savoir si c'est lié." Perrine, qui songe à porter plainte, se rappelle quant à elle avoir "tout senti" pendant sa césarienne car l'anesthésie n'a "pas fonctionné".
Une autre confie comment, après une consultation, le gynécologue aurait lancé à son mari : "Votre femme, vous la violez quand vous voulez".
Face à ces accusations, l'établissement médical a réagi en adressant "à toutes les mamans, qui ont témoigné de violences ressenties lors de leur accouchement, [leurs] profonds regrets". Le gynécologue mis en cause envisagerait de porter plaine pour diffamation, informe Le Parisien. La direction de l'hôpital a précisé qu'il "a cessé toute fonction au sein de l'établissement le lundi 30 mai 2022 en faisant valoir son droit à la retraite".
Sonia Bisch, porte-parole de Stop VOG, déplore de son côté un système qui pénalise les victimes. "Il y a une telle impunité dans le milieu médical, une impossibilité à dénoncer les mauvaises pratiques que nous sommes obligés de passer par la publication de ces témoignages pour que les plaintes ne soient pas classées sans suite", explique-t-elle au journal.
Et de conclure : "Ces violences obstétricales entraînent des préjudices extrêmement graves, des dépressions. Souvent la cause du mal-être n'est pas identifiée alors qu'il vient de là". Le parquet de Paris s'est saisi de l'affaire.