Depuis 2013, elle est la star de sa propre émission à sketchs qu'elle produit et scénarise sur la chaîne Comedy Central. Mais c'est véritablement en 2015 que l'humoriste et actrice Amy Schumer s'est imposée comme la nouvelle icône du cool à Hollywood. Listée dans le Top 100 des personnes les plus influentes de l'année par le magazine Time, star de la comédie romantique mais pas nunuche Trainwreck, nommée aux Golden Globes, engagée contre la libre circulation des armes à feu aux États-Unis, top model toute en formes pour le nouveau calendrier Pirelli, féministe autoproclamée, Amy Schumer brise les stéréotypes un par un, à coup de blagues grasses mais toujours intelligentes. Futur projet ? Un scénario de film co-écrit avec Jennifer Lawrence. On a hâte.
Grâce au piratage des mails de grands pontes du studio Sony en décembre dernier, Jennifer Lawrence a découvert qu'elle avait été moins bien payée que ses costars masculines sur le film American Bluff alors qu'elle apparaissait plus à l'écran que certains d'entre eux. Cette prise de conscience l'a alors poussé à publier un essai dans Lenny, la newsletter créée par Lena Dunham. La star d'Hunger Games s'y attaque de front aux inégalités salariales toujours très présentes à Hollywood et déclare : "Je ne veux plus trouver de moyen 'adorable' pour faire entendre mon opinion tout en restant appréciée. Merde à tout ça. Je ne pense pas avoir déjà travaillé avec un homme qui se demandait quel angle d'approche avoir pour faire entendre sa voix". Depuis, Bradley Cooper, l'un de ses partenaires dans American Bluff, l'a soutenue publiquement.
Avec sa petite taille, sa poitrine imposante et sa couleur de peau chocolat, Misty Copeland bouscule les codes du classique. Celle qui a commencé le ballet sur le tard a travaillé comme une forcenée pour finalement atteindre le but ultime : devenir la première danseuse étoile afro-américaine de l'American Ballet Theatre. Depuis toujours, Misty Copeland se bat pour plus de diversité ethnique dans la danse classique, elle a écrit un livre sur son parcours sorti en 2014, Life in Motion : An Unlikely Ballerina, devenu un best-seller, elle a fait la couverture du Time Magazine, et cette année, elle a également eu droit à son propre documentaire, A Ballerina's Tale, présenté à Sundance. Consciente de sa position privilégiée, elle a déclaré sincèrement vouloir "incarner un rêve possible pour les enfants".
Cette Syrienne de 30 ans installée à Alep, "la ville la plus dangereuse du monde", a été élue journaliste de l'année par Reporters sans frontières ce 17 novembre. Après des études à Londres, elle fait un retour en Syrie en 2011 quand la révolte contre le régime éclate avant de revenir s'y installer véritablement deux ans plus tard. Depuis, Zaina Erhaim témoigne de son quotidien sous les bombes dans des articles, sur son blog et sur les réseaux sociaux. Reporter, elle forme aussi des journalistes-citoyens et souhaite plus que tout soutenir les femmes syriennes. Elle vient ainsi de présenter en Europe et aux États-Unis le documentaire Femmes rebelles de Syrie. Pendant 18 mois, elle a suivi cinq habitantes d'Alep qui vont au secours des autres et leur offrent formations et conseils.
Quand on est victime d'une attaque à l'acide, retrouver une vie normale est presque impossible. Aux douleurs physiques et psychologiques se mêle un rejet de la société et les choses les plus anodines comme travailler deviennent très compliquées. Mais en Inde – où ce type d'agression est courant – un groupe de femmes a décidé de faire de ses stigmates une force. Elles s'appellent Laxmi, Rupa ou encore Ritu, et cette année, ces victimes d'attaque à l'acide ont ouvert un café dans la ville d'Agra baptisé Sheroes Hangout. Aidées par l'association Stop Acid Attack, ces Indiennes ont repris leur vie en main et utilisent leur café pour sensibiliser clients réguliers et touristes à leurs drames personnels. Cet établissement connaît un tel succès (il faut dire aussi qu'on y mange bien) que l'association Stop Acid Attack réfléchit déjà à d'autres ouvertures à travers tout le pays.
En mars dernier, la journaliste Rima Karaki interviewe en direct à la télévision libanaise le cheikh islamiste Hani al-Sebaï à propos de l'embrigadement des chrétiens par les djihadistes. Alors qu'elle tente de recentrer le débat, le cheikh lui rétorque par deux fois de "la fermer". Pour la journaliste s'en trop, elle décide alors de couper le micro de son interlocuteur. Rapidement devenue virale, la vidéo a érigé la journaliste au rang d'héroïne dans un pays qui ne brille pas quand il s'agit du droit des femmes. Humble, Rima Karaki a affirmé au Guardian qu'elle avait été très touchée par le soutien de la presse libanaise, même si pour elle, cela n'avait rien à voir avec son sexe "mais avec le respect de soi".
Notre image de la sportive ne serait-il pas un peu biaisé ? Souvent, on l'imagine aussi mince que musclée, se nourrissant uniquement d'air pur et de smoothies frais. Sauf qu'une sportive n'est pas forcément un fil de fer en legging. Pour le prouver à tous, le magazine spécialiste de la course à pieds Women's Running a choisi de dédier sa couverture d'août dernier à Ericka Jean Schenk, un mannequin grande taille qui se passionne pour ce sport. Là comme ça, on peut avoir l'impression que ce n'est pas grand-chose. Sauf que les couvertures de magazine mettant en scène des femmes rondes sont extrêmement rares, et ceux spécialisés dans le sport encore plus. La rédactrice en chef du magazine, Jessica Sebor, confiait à Today.com à l'époque : "Il y a pas mal d'idées préconçues sur le fait que toutes les adeptes de running seraient forcément maigres, or ce n'est juste pas le cas. Je pense que beaucoup de femmes ne se reconnaissent pas dans les couvertures de magazines. Nous voulions que nos lectrices puissent s'identifier et se retrouver dans cette Une". Pari gagné !
Les médias américains ont qualifié cette décision "d'historique". Le 3 décembre dernier, le secrétaire américaine à la Défense Ashton Carter a annoncé que l'ensemble des postes de combat au sein de l'armée US allaient être ouverts aux femmes. "Elles seront autorisées à conduire des chars, tirer au mortier et mener des soldats d'infanterie au combat. Elles seront aussi en mesure de servir au sein des Rangers, des Bérets verts, des Navy SEALs, du corps d'infanterie de la marine, des parachutistes de la Force aérienne et tout autre poste auparavant uniquement ouvert aux hommes", a déclaré l'homme politique. Au total, ce sont près de 220 000 postes qui vont être ouverts aux militaires de sexe féminin d'ici début 2016. Une excellente nouvelle quand on sait que les femmes ne représentent actuellement que 15% des effectifs de l'armée américaine.
En cette fin d'année 2015, les jeunes Suédois ont reçu un cadeau de Noël en avance. Grâce à l'association entre le Swedish Women's Lobby et la maison d'édition Albert Bonniers Förlag, chaque lycéen âgé de 16 ans a reçu un exemplaire de Nous sommes tous des féministes, un essai de la romancière nigériane Chimamanda Ngozie Adichie. Avec cette distribution de masse (déjà près de 100 000 fois), les associations espèrent ouvrir des discussions à l'école sur l'égalité des sexes et les discriminations liées au genre. Très honorée, l'auteure a enregistré une vidéo à l'attention des lycéens dans laquelle elle leur explique pourquoi elle est devenue féministe : "Je veux vivre dans un monde où hommes et femmes sont plus heureux. Un monde où ils ne seraient pas contraints par leur genre. Je veux vivre dans un monde où les hommes et les femmes sont véritablement égaux. Voilà pourquoi je suis féministe". A quand la même initiative en France ?
Le 5 octobre dernier, la Chinoise Youyou Tu a remporté le prix Nobel de médecine pour "ses découvertes concernant une nouvelle thérapie contre le paludisme". Si Youyou Tu a dû partager sa récompense avec l'Irlandais William C. Campbell et le Japonais Satoshi Omura, elle peut néanmoins s'enorgueillir à 84 ans d'être seulement la 12e femme à recevoir le Nobel de médecine depuis 1901...sur 207 prix. Formée à la médecine chinoise ancestrale, elle a consacré toute sa vie à trouver un remède efficace contre le paludisme, une maladie infectieuse transmise par la piqûre de certaines espèces de moustiques. Bref, Youyou Tu es une femme badass, symbole "d'un mélange réussi entre médecines ancestrale et moderne" pour citer Libération.
En février dernier, le collectif Georgette Sand lançait une pétition pour que tampons, serviettes et coupes menstruelles soient reconnus comme des produits de première nécessité et réclamait ainsi que la TVA sur ces produits passe de 20% à 5,5%. Après des mois de lutte et un amendement rejeté par le secrétaire d'État Christian Eckert et d'autres députés le 15 octobre, les sénateurs ont finalement adopté l'amendement pas plus tard que le 21 novembre dernier. Le Sénat a ainsi reconnu que les femmes sont doublement victimes : non seulement la taxe rose fait un trou dans leur budget mais elles sont encore et toujours moins bien payées que leurs collaborateurs masculins (salaire inférieur à 27%). Une victoire pour les associations féministes donc, même si le collectif Georgette Sand se veut prudent. Et oui, le texte n'est pas définitif et va retourner à l'Assemblée nationale pour deuxième lecture. D'ici là, on croise les doigts.
La créatrice de mode Carrie Hammer n'est pas du genre à entrer dans le moule. Depuis deux ans maintenant, ses défilés sont l'occasion pour elle de mettre en avant des femmes différentes de caractère. Voilà pourquoi en février dernier, elle a choisi de faire défiler sur son catwalk Jamie Brewer, une actrice atteinte de trisomie 21 vue notamment dans la série American Horror Story. Une initiative forte et novatrice qui a permis d'ouvrir la voie à d'autres jeunes filles comme elle. C'est ainsi que quelques mois plus tard, Madeline Stuart, une Australienne de 18 ans également atteinte du syndrome de Down, est montée sur le podium de la marque FTL Moda lors de la Fashion Week new-yorkaise. Concrétisant ses rêves de mannequinat, Madeline Stuart a tenu à remercier son idole... Jamie Brewer.
On peut être très jeune et avoir déjà pas mal de choses à dire. C'est le cas de Els, une fillette anglaise de 8 ans qui a réussi à faire prendre conscience à une maison d'édition qu'il fallait en finir avec les livres genrés. En avril dernier, l'écolière découvre que l'éditeur Scholastic vend un livre de pirates réservé aux garçons. Agacée par toute cette histoire, elle lance alors une pétition avec la phrase d'accroche suivante : "Que se passerait-il si une fille voulait jouer aux pirates et qu'elle en vienne à se demander si elle est normale après avoir lu que c'était réservé aux garçons ?" Soutenue par l'association Let Books be Books qui lutte contre les clichés dans les livres jeunesse, Els a réussi à réussi à faire plier Scholastic. La maison d'édition s'est ainsi engagée à ne plus publier de livres portant les mentions "pour les filles" et "pour les garçons". Une bonne chose de faite.
C'est un fait, les femmes écrivains gagnent peu de prix, leurs écrits intéressent peu les auteurs en herbe et elles sont moins représentées dans les médias que leurs homologues masculins. Alors pour réparer cette inégalité entre les sexes, la romancière anglo-pakistanaise Kamila Shamsie a proposé un défi fou aux maisons d'édition britanniques : ne publier que des romans écrits par des femmes en 2018. Si l'idée a emballé l'éditeur And Other Stories, les autres se sont montrés beaucoup plus frileux. Mais il reste encore un peu de temps à Kamila Shamsie pour réussir à "transformer le monde de l'édition" et "changer notre vision de ce qui est normal". C'est tout ce qu'on lui (nous) souhaite.
Honorée du prix Nobel de la paix en 2014 pour son combat en faveur de l'éducation des jeunes filles pakistanaises, Malala Yousafzai est devenue à elle seule un symbole de paix et de bravoure (après tout, les Talibans ont bien failli la tuer pour la faire taire). Mais si la jeune femme a déjà accompli beaucoup de choses malgré son jeune âge, elle vient d'avouer à Emma Watson que c'est grâce à elle et personne d'autre qu'elle avait compris qu'elle était féministe. C'est à l'occasion de la projection du documentaire He Named Me Malala en Angleterre ce mois-ci que les deux activistes ont pu se rencontrer. Filmé, cet échange est à la fois adorable et extrêmement fort. La jeune pakistanaise explique ainsi à Emma Watson que c'est en entendant son discours prononcé à l'ONU pour l'égalité des sexes en septembre 2014 qu'elle a eu le déclic : "Dans ton discours, tu disais : si pas maintenant, alors quand ? Si pas moi, alors qui ? Cela m'a fait réaliser qu'il n'y avait rien de mauvais à se revendiquer féministe. Alors je suis féministe, et tout le monde devrait l'être. Parce que le féminisme est juste un autre mot pour promouvoir l'égalité". De quoi toucher au coeur la célèbre Hermione Granger et nous tous.