Dans son rapport annuel sur les dérives des universités, l’Unef, principal syndicat étudiant, pointe du doigt les pratiques illégales appliquées par nombre d’établissements pour sélectionner leurs étudiants. « De plus en plus d'établissements choisissent de limiter le nombre de places disponibles dans leurs licences par un processus de sélection », dénonce l’Unef dans son rapport. Une « nouvelle tendance » qui est « en totale contradiction avec la loi, qui stipule que la sélection d'un bachelier pour l'accès aux premiers cycles universitaires est prohibée », rappelle le syndicat étudiant. Ainsi, 27 facultés ne respecteraient pas la loi, parmi lesquelles les universités de Bordeaux 1, Paris I et Paris X, Bourgogne, Rouen ou encore Savoir. Ces universités justifient cette sélection des étudiants en invoquant le fait que certaines formations spécialisées nécessitent des « pré-requis », par exemple en musique. Or le syndicat rappelle qu’une formation de licence « est censée être adaptée au niveau baccalauréat ». Cette pratique résulterait selon l’Unef du « manque de moyens » des établissements, dont plus de la moitié prévoient d’être en déficit d’ici la fin de l’année, et qui préfèrent du coup « réduire le nombre d'étudiants plutôt que d'affecter leurs moyens à l'embauche d'enseignants et au maintien de leurs capacités d'accueil ».
Autre dérive pointée par l’Unef : l’application de frais obligatoires illégaux, dépassant largement les tarifs réglementés. Ainsi, l'Institut national polytechnique de Toulouse (INPT) explose les scores, en demandant 9 000 euros contre un tarif réglementé de 606 euros. L’université de Grenoble 2 quant à elle demande 800 euros de services « facultatifs » multimédias en plus des frais d’inscription tandis que l'Agrocampus Ouest et Rennes 1 taxent leurs étudiants de 750 euros en masters. Reste que le syndicat le note : la tendance est plutôt à l’amélioration, avec 24 universités épinglées cette année contre 31 en 2012 et plus de 50 en 2005.
Autant de pratiques qui ont pour conséquences selon l’Unef de pousser les étudiants dans « les bras du privé ». Ainsi, selon le rapport, le nombre de bacheliers poursuivant leurs études à la fac est en nette diminution depuis 2005 (32,2% contre 39,1%), alors que le nombre d’étudiants dans le privé a augmenté de 32% durant cette période.
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