"Inner bully", ou "tyran intérieur", en français. Ce terme, l'actrice et activiste Jameela Jamil l'a évoqué pour Stylist, en août dernier. Dans une publication à coeur ouvert, elle écrit une lettre destinée à la voix qui lui intime au quotidien qu'elle ne mérite ni d'être aimée, ni de réussir, ni de susciter l'attention de ses proches. Qu'elle n'est pas assez belle, pas assez mince, pas assez spéciale pour ça. Une auto-flagellation mentale qui a eu de graves conséquences sur sa vie : l'anorexie notamment. Et qui caractérise également beaucoup d'entre nous, à des échelles distinctes, particulièrement à une époque où la productivité, la créativité et le succès - aussi bien professionnel que personnel - semblent définir notre valeur. Où la comparaison de notre propre vie avec celle des autres est si facile, et où les injonctions à toujours être plus et à toujours donner plus nous étouffent, aussi.
Ce tyran intérieur, il naît avec nos insécurités et y contribue aussi largement. Il est à l'origine de nos angoisses et de nos craintes les plus secrètes. Et à force de l'entendre et de l'écouter, on finit par croire que ce qu'il nous murmure est vrai. Que l'on devrait travailler davantage quand on est déjà à bout, être plus présente pour les autres alors qu'on se plie déjà en quatre pour satisfaire tout le monde. On se met une pression non nécessaire que personne ne réclame autour de nous. On devient plus exigeante avec nous-même qu'avec notre entourage plus ou moins proche et la façon dont il nous traite. On se persuade qu'on ne vaut pas le coup et que les autres s'en rendront compte bien assez tôt.
Sauf qu'aujourd'hui, on a décidé de couper court à ce cercle vicieux qui attaque sévèrement notre bien-être, en suivant les pas de Jameela Jamil. En lançant, nous aussi, à notre tyran intérieur qu'il peut se contenter de "bouffer un bol de b*tes" (à répéter plusieurs fois rapidement) et d'"aller se faire foutre". Le problème vient de lui, pas de nous. Et pour faciliter la démarche, voici trois points à aborder pour le faire taire à jamais *plays Rocky theme song*.
D'accord, l'exercice peut paraître conceptuel. Sachant qu'il signifie clairement qu'on devra s'exprimer à voix haute. Seule. En parlant à notre propre personne - ou plutôt à la partie de nous qui nous empêche d'être épanouie. Seulement parfois, verbaliser une pensée ou une envie parvient à mieux l'enregistrer. Dire "stop, je ne suis pas nulle, je mérite ce qui m'arrive, tout va bien se passer" - ou quelque autre formule moins désespérément mielleuse - peut aussi dompter la boule d'insécurités amère qui siège depuis trop longtemps dans notre esprit. Une déclaration en tête-à-tête avec soi-même qui marquera le coup une bonne fois pour toutes, et nous fera reprendre le contrôle sur notre quotidien de main de maîtresse.
Mettre la barre haut est essentiel pour atteindre ses objectifs, certes. Mais tout dépend de ce que cela nous coûte dans le cas où tout ne se passerait pas comme espéré. Si la réponse est notre santé mentale, peut-être est-il temps de réévaluer ses buts perso et pro. Et réussir aussi à exceller dans un nouveau domaine : la compassion personnelle. "La compassion personnelle est la capacité de se transmettre compréhension et gentillesse à soi-même, en particulier dans les moments où l'on fait face à des 'échecs'", explique en ce sens Psychology Today. "Au lieu de vous juger et de vous critiquer pour les insuffisances, les déficits et les défauts perçus, vous vous traiteriez comme un·e ami·e cher·e. Essentiellement, c'est de l'empathie tournée vers l'intérieur. Le concept est aussi simple que cela - mais cela peut être un peu difficile à mettre en pratique." La clé est dans l'entraînement.
Plus seul·e, cette fois-ci, mais à un·e proche ou à un·e psy. Quelqu'un qui ne nous jugera pas et saura nous écouter, nous aider, saisir l'importance de la conversation et de l'appel au secours qu'elle peut aussi représenter. "Une personne impartiale est capable d'entendre nos pensées, ce que nous disons et ce que nous ne disons pas, et d'en tenir compte lorsque nous ne les remarquons pas", explique Sandy Woznicki, coach américaine qui travaille notamment sur l'anxiété et le stress. "Ils nous rappellent que nous ne sommes pas les seuls à ressentir ce que nous ressentons. Non seulement c'est courant, mais les gens peuvent constater une amélioration, ce qui est incroyablement rassurant." C'est noté.