"Une très grande dame s'est éteinte. Ses écrits ont été moteurs de tant de transformations littéraires, intellectuelles, personnelles ... Quelle perte immense! Qu'elle repose en paix". C'est sur ces mots que la réalisatrice et militante antiraciste française Rokhaya Diallo a rendu hommage à une brillante autrice : bell hooks.
"Sa perte est incalculable", a déclaré de son côté l'autrice féministe américaine Roxane Gay sur son compte Twitter.
bell hooks (sans majuscules), de son vrai nom Gloria Jean Watkins (son pseudonyme étant un hommage au nom de son arrière-arrière-grand-mère, Bell Hair Hooks) est morte ce 15 décembre à l'âge de 69 ans. Cette native du Kentucky fut célébrée pour ses réflexions féministes majeures, portant aussi bien sur la condition des femmes noires que sur les enjeux du genre, la sexualité et les relations hommes/femmes.
Une avant-gardiste de l'afroféminisme, aux travaux foisonnants.
Réflexions à (re)découvrir dans leurs traductions françaises aux éditions Cambourakis (Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme et De la marge au centre : Théorie féministe) et aux éditions Divergences (Tout le monde peut être féministe et La volonté de changer. Les hommes, la masculinité et l'amour). Culture, masculinités, intersectionnalité et privilège blanc faisaient partie de ses thèmes de prédilection, ainsi que l'inclusion volontiers ardue des femmes noires au mouvement féministe.
Comme l'énonce Libération, l'usage des minuscules dans son pseudonyme était "un moyen d'attirer l'attention sur son travail et non sur elle". De ses quarante ans d'apport au militantisme féministe, déclinés en une quarantaine d'ouvrages, on retiendra aussi bien ses essais que ses recueils de poèmes.
bell hooks était également apparue dans de nombreux documentaires, dédiés à la culture afro-américaine et au racisme systémique (Black Is, Black Ain't, I am a Man: Black masculinity in America, Baadasssss Cinema) et au(x) féminisme(s) (My Feminism, Is Feminism Dead?). Dans Femmes noires et féminisme, bell hooks affirmait : "Personne n'a pris la peine de parler de la façon dont le sexisme opère à la fois indépendamment du racisme et simultanément à celui-ci pour nous opprimer". Une pensée majeure et toujours aussi percutante.