Selon une étude américaine intitulée "Les retombées de la race et des attitudes raciales dans l'opinion du public à propos du changement climatique" et parue dans Environmental Politics, les climatosceptiques seraient des hommes blancs et racistes. Cette découverte est l'oeuvre du chercheur et professeur de Sciences Politiques Salil Benegal de l'université DePauw. Avant de travailler sur la politique, Benegal a eu un diplôme en chimie. Et il a voulu comprendre pourquoi les thèses scientifiques sont parfois rejetées par une partie de la population.
Il s'est ainsi basé sur deux piles de données : celles du Pew Research Center et celle de l'American National Election Studies (ANES). A chaque élection, les deux instituts récoltent des données sur des échantillons de la population. Depuis les années 1960, l'ANES, traite le ressentiment racial, en d'autre mot, le racisme, envers les Africain·e·s-Américain·e·s.
Les questions posées à cet échantillon étaient par exemple les suivantes : "Ces dernières années, les noir·e·s ont eu moins que ce qu'ils et elles méritent". Ou : "C'est vraiment une question de personnes qui ne font pas assez d'efforts. Si les noir·e·s faisaient plus d'efforts, ils pourraient être aussi bien lotis que les blancs."
Il a mis en lumière en croisant toutes les réponses aux questions le fait que les hommes les plus racistes avaient 84 % de chances de douter du changement climatique.
Comparé aux réponses des Afro-américains, les Américains blancs ont 18 % de chance de moins de voir le changement climatique comme un problème très sérieux. Salil Benegal explique : "J'ai trouvé que l'échelle du ressentiment social été très significative pour prédire si oui ou non les gens étaient d'accord avec le consensus scientifique".
Toujours selon cette étude, ce phénomène de polarisation du climatoscepticisme sur les hommes blancs, vieux et racistes se serait accentué après l'élection de Barack Obama en 2008. Il y aurait en effet une corrélation entre le fait que ce président ait été le premier noir élu à la Maison Blanche et le fait qu'il se soit positionné pour la défense de l'environnement.
Le chercheur a aussi mis en avant le fait que dans les années 1990, le climatoscepticisme était partagé de manière égale entre partisans des Démocrates et des Républicains. Mais aujourd'hui, sous la pression des compagnies pétrolières mais aussi du charbon, qui financent le Parti républicain, ses dirigeants ont adopté une politique climatosceptique (jusqu'à nommer un climatosceptique à l'agence de l'environnement).
Salil Benegal tempère cependant : "Je n'essaie pas d'affirmer dans l'étude que la race est la composante la plus importante ou nécessairement la plus importante de toutes les attitudes environnementales."
Il ne reste plus qu'à espérer une chose : que les vieux blancs racistes soient une espèce en voie de disparition.