C'est l'affaire qui secoue (une nouvelle fois) le gouvernement. Après Damien Abad, ministre des Solidarités, et Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, c'est la secrétaire d'Etat chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux Chrysoula Zacharopoulou qui est visée par deux plaintes pour viols. Des faits qui se seraient passés alors qu'elle exerçait comme gynécologue, rapportent les plaintes déposées les 25 mai et 16 juin.
Auprès de Quotidien, quatre anciennes patientes dénoncent des mauvais traitements de la part de la spécialiste de l'endométriose. L'une d'entre elle, restée anonyme, se souvient d'une consultation qu'elle qualifie de "traumatisante". "Quand on rentre dans l'hôpital, la salle d'attente est pleine à craquer et toutes les jeunes filles avant moi sortent du rendez-vous en larmes", raconte-t-elle. Une fois dans le cabinet, "elle commence un toucher vaginal (...) par surprise, ce qui me crispe complètement et me fait fondre en larmes directement."
Elle poursuit : "Dans un deuxième temps, elle procède à un toucher rectal sans consentement non plus, tout en ayant encore ses mains à l'intérieur de moi. C'est un toucher bimanuel. Et là pour le coup, j'éclate vraiment en sanglots car c'est brutal, c'est violent et c'est très douloureux. Je suis en état de sidération complète. La seule remarque qu'elle fera c'est 'ce n'est pas la peine de pleurer maintenant'". Glaçant.
Un témoignage qui relève d'un "viol gynécologique", à lire la définition relayée par StopVOG, association qui s'attache à recueillir et partager sur les réseaux sociaux les récits de violences obstétricales. Le terme désigne une pénétration sans consentement de la part d'un·e soignant·e et s'inscrit dans la longue liste de ces actes condamnables.
Le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes regroupe 6 types atteintes dans une liste non-exhaustive :
- La non-prise en compte de la gêne et du caractère intime de la consultation par exemple, un sentiment de culpabilité.
- Les propos porteurs de jugements comme une parole déplacée.
- Les injures sexistes
- Les actes exercés sans consentement, par exemple, un spéculum que l'on introduit sans consentement.
- Les actes ou refus d'actes non justifiés
- Les agressions sexuelles et les viols
Autrice de Mon vagin, mon gynéco et moi, Rachel Lev analyse toutefois : "Ce n'est pas la gynécologie, ni les gynécologues qui sont maltraitants. C'est notre société qui est responsable de ces violences. La société porte un jugement de valeur sur le corps des femmes, entretient, nourrit et tolère le sexisme".
Et si "l'infraction spécifique de violences obstétricales n'existe pas", rappelle le HCE, "les violences gynécologiques obstétricales telles que décrites dans le présent rapport tombent sous le coup de la loi pénale. Ainsi, les infractions d'harcèlement sexuel, d'agression sexuelle ou de viol peuvent être retenues, avec la circonstance aggravante qu'elles ont été commises par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions, en l'espèce le·la professionnel·le de santé, ou commises sur une personne dont la particulière vulnérabilité est connue de l'auteur·rice."
Dans le cas de Chrysoula Zacharopoulou, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris. La brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), en charge des investigations, devra déterminer si les faits sont susceptibles de tomber sous le coup d'une qualification pénale.