Le confinement total est imminent. Après plusieurs allocutions officielles qui annonçaient des mesures restrictives, on y est. On va sûrement devoir passer les prochaines semaines cloîtré·e·s dans notre appartement ou notre maison déjà oppressant quand on peut en partir. Pas de sorties autorisées en dehors des urgences et des courses. Pas de famille excepté son foyer direct, pas d'ami·e·s et donc par la force des choses : pas de rencontres amoureuses. Oui, car à moins que vous ne viviez avec l'être aimé·e, ou que vous organisiez un rendez-vous secret au rayon feta de votre Franprix, impossible de faire passer votre rencard pour une situation indispensable.
Celui ou celle que vous aviez embrassé·e devant le Pizza Pino de Montparnasse après une soirée à traverser Paris sous les étoiles, devra attendre quelques temps avant de revoir votre doux minois en vrai. Pareil pour celui qui scandait qu'il n'était pas prêt à ce que vous emménagiez ensemble pré-corona : il ne faudra pas venir pleurer maintenant que le seul biais qui vous rassemble est digital.
Alors bien sûr, les consignes d'auto-isolement sont essentielles à l'arrêt de la propagation de la pandémie. Mais elles impliquent un bouleversement social parfois difficile à vivre. D'autant plus quand il s'agit d'une relation sentimentale, à distance ou récente de surcroît. On en plaisante mais on saisit la tristesse ou la confusion provoquées par un confinement à durée (pour l'instant) indéterminée. On a donc mis au point quelques conseils pour entretenir la flamme par temps de crise.
Dans le cas où l'on se trouverait chacun·e chez soi, à ne pas foutre grand-chose pour beaucoup de Français·e·s, on sera vite tenté·e de passer notre journée à contacter l'autre. A lui envoyer des messages, à attendre les siens pendu·e au téléphone, et donc à ne plus rien avoir à lui dire rapidement - pour la bonne raison qu'il ne nous arrivera absolument rien que l'on puisse raconter, en quarantaine. Loin de nous l'idée de vous dicter comment vivre votre vie (nous ne sommes que bienveillance) mais peut-être serait-il plus judicieux d'imposer une sorte de rituel quotidien, que de scruter ses apparitions en ligne ?
Un moment (ou deux) dans la journée où l'on s'appelle pour se raconter ce qui nous passe par la tête pendant cette période si particulière, où l'on prend le temps d'écouter, et pareil en face, plutôt que de répondre du bout des pouces entre deux épisodes de Gossip Girl (le reste de Netflix ayant été englouti en deux jours). On finira par avoir hâte d'un côté comme de l'autre de s'entendre ou de se lire, et donc par intensifier le lien qu'on continuera de renforcer une fois de retour à la normale. On aura vécu quelque chose de grave - presque - ensemble, après tout. Ce n'est pas rien.
Lizzie McGuire et ses comparses avaient déjà compris l'importance des visioconférences en 2001, elles sont aujourd'hui nécessaires à notre survie mentale. A nos ami·e·s et notre famille, on répond en pyjama, une assiette de raviolis ricotta-épinards dégoulinants de beurre salé sur les genoux. Avec notre partenaire, on essaie de rendre l'affaire un peu plus attirante pour l'un·e comme pour l'autre, histoire de diminuer la frustration qui nous envahit.
On peut s'organiser des dates à distance sans passer par la case transports grâce aux avancées technologiques, autant en profiter. On s'habille, on se met à table (ou dans le canap' si votre studio ne permet pas l'installation d'une planche et de deux tréteaux) et on entame ce date par écrans interposés comme une expérience inédite qui rapproche. Et, oui, on peut aussi bouffer des raviolis.
La question a évidemment frôlé notre esprit : quid du sexe quand on ne peut physiquement pas se retrouver ? Attendre a des vertus insoupçonnées, faire monter l'excitation jusqu'à ce que nos désirs deviennent enfin réalité en est une. Pour s'adonner aux joies du cul sans contact, il y a plusieurs techniques. Faire l'amour par téléphone, en commençant par décrire ce qu'on porte puis en enchaînant sur ce qu'on voudrait que l'autre nous fasse/lui faire. Décliner le concept aux appels vidéos et, dernière mais pas des moindres, tester les sextoys à distance. Ce qui vaut aussi pour celles et ceux qui ne souhaiteraient pas se toucher par crainte de se contaminer, même en partageant le même appartement.
Lelo a d'ailleurs flairé le filon en proposant un petit modèle télécommandé à ces derniers : l'oeuf vibrant Lyla 2. On l'insère dans son vagin et on laisse son partenaire jouer avec nos sensations. La marque s'en vante même : "Avec une portée de 12 mètres, le seul virus que vous allez attraper, c'est celui du plaisir vibrant !". C'est noté.
Si le coeur vous en dit, foncez vous réfugier chez votre partenaire pour une hibernation printanière - et forcée - à deux (enfin sauf si vous observez des symptômes grippaux, auquel cas on vous conseillera surtout de rester seul.e, de surveiller l'évolution et d'appeler votre médecin généraliste- pas le 15 qui n'est réservé qu'aux cas de réelle urgence comme des difficultés respiratoires). Créez une bulle qui n'appartient qu'à vous, concoctez un programme scrupuleux de films, séries et autres documentaires de voyage à regarder avec un paquet de popcorn au chocolat tout juste sortis du micro-onde. Évoquez des projets que vous ne ferez peut-être jamais, confiez-vous sur l'oreiller, (re)découvrez chaque recoin de son corps.
Et si un éventuel orage venait à s'abattre sur votre nid improvisé, communiquez et gardez en tête que tout ira mieux quand on sera débarrassé·e du virus. Ça vaut aussi pour celles et ceux qui n'ont que leur téléphone pour pleurer. Quoiqu'il en soit, veillez l'un·e sur l'autre, et rappelez-vous que - on l'espère - tout cela sera bientôt derrière nous.