De quoi le monde d'après sera-t-il donc le nom ? Pas vraiment d'une meilleure égalité des sexe, comme le démontre une nouvelle étude de la Fondation des Femmes financée par la Région Ile-de-France, tirant le bilan d'un an de crise sanitaire et économique. Sobrement intitulée "L'impact du Covid 19 sur l'emploi des femmes", ce rapport s'attarde notamment sur les mesures prises face aux incidences de la pandémie sur l'emploi - le fameux plan de relance économique prévu pour rebooster le marché. Spoiler : cela n'est pas très utopique.
Et pour cause, puisque sur les 35 milliards d'euros des plans de relance sectoriels initiés en juin 2020, seulement 7 milliards seraient dédiés à des emplois occupés par des femmes. "Alors que les secteurs féminisés sont les plus touchés par la crise du Covid 19, le plan de relance les oublie", déplore la Fondation des femmes. Et ce malgré l'importance des fameux "secteurs féminisés" : elles sont infirmières (domaine occupé par 87% de femmes) aides ménagères (97% de femmes) et aides-soignantes (91% des femmes), agentes d'entretien (73% de femmes) et caissières (76% de femmes) ou encore enseignantes (71% de femmes).
Des secteurs qui ne sont pas sans failles, loin de là. Précarité, vulnérabilité redoublée en tant que crise, manque de reconnaissance professionnelle et sociale, revalorisation salariale insuffisante malgré l'après-crise... De quoi susciter d'autant plus de décrochage pro.
Des observations qui ne datent pas d'hier, et ont déjà pu être émises lors du premier confinement. Premier confinement qui fut déjà un échec sur le plan féministe puisqu'il n'a pas vraiment engendré un nouvel équilibre concernant le partage des tâches domestiques et éducatives au sein des couples. A contrario, ses incidences furent plutôt négatives. 70% des femmes ainsi estimé que le confinement les pénaliserait dans leur carrière, prévient en ce sens l'enquête. D'autant plus que le télétravail n'a pas davantage aidé, les femmes étant moins nombreuses que les hommes "à disposer d'un espace dédié pour leur travail à domicile", précise l'étude.
Des constats qui auraient du alarmer. Et pourtant, les montants alloués pour la relance dédient la majeure partie de leurs financements aux secteurs "masculinisés" dits "d'avenir". A savoir ? L'automobile (8 milliards d'euros), l'aéronautique (15 milliards), les entreprises technologiques (4 milliards) ou encore le secteur du bâtiment et des travaux publics (8 milliards alloués). Il faut dire que les principaux organes ayant médité cette gestion de crise dévoilent une composition majoritairement masculine, du conseil scientifique au Comité de suivi des entreprises en passant par la Commission économique post-Covid.
Pire encore, les documents officiels évoquant les initiatives de relance ne mettent en avant "aucune donnée sexuée" dans leur état des lieux. Le terme "femme" y est cruellement absent. De quoi désespérer quant à la teneur du fameux "monde d'après".
Cependant, la Fondation des Femmes ne délivre pas un discours défaitiste. Elle nous le précise : "Cette étude tire la sonnette d'alarme. Il n'est pas encore trop tard pour profiter de l'élan économique donné par la relance pour faire reculer les inégalités entre femmes et hommes".
Un message qui semble directement se destiner aux pouvoirs publics, lesquels "doivent prendre les conclusions qui s'imposent" face "à un risque de régression inédite de l'égalité femmes-hommes", développe l'enquête. Mais plus que de prévenir, la Fondation des Femmes incite à guérir, propositions à l'appui. En revalorisant les salaires des métiers féminisés, mais aussi en finançant les reconversions des femmes vers des filières d'avenir, ou encore, en instaurant davantage de mixité dans les instances de prise de décisions et de gouvernance.
Enfin, l'étude propose également le déploiement d'incubateurs et d'espaces de travail collaboratifs adaptés aux femmes (coworking avec garde d'enfants par exemple) et à la mise en avant d'objectifs de mixité au sein des entreprises. Des initiatives qui s'avèrent indispensables alors que l'après-Covid occupe déjà tous les esprits.