Professeur en économie au CNAM et à l’Université de Créteil, Laurent Davezies révèle dans son dernier essai « La crise qui vient »(Seuil), des écarts béants quant à l’impact de la crise sur l’emploi des hommes et des femmes.
Pour les hommes, la crise de 2007-2009 ressemble à une hécatombe : 350 000 emplois disparaissent en deux ans, contre 30 000 emplois féminins. Selon le professeur Davezies il n’y a là rien moins que l’aggravation d’un phénomène enclenché dans les années 1980, à savoir l’effondrement de l’emploi masculin : « les restructurations du système productif détruisent surtout des emplois masculins et créent principalement des emplois féminins », constate-t-il. Mais tandis que les cadres auraient été plutôt épargnés, les premiers touchés seraient les CSP- : ouvriers, artisans-commerçants, agriculteurs.
En parallèle, entre 1982 et 2006, 84% des créations nettes d’emploi ont profité aux femmes, notamment dans le secteur public mais aussi les services. Précisément, ce sont les femmes des classes moyennes qui sont surtout concernées. Un bémol toutefois : bon nombre d’emplois féminins créés dans le secteur des services s’avèrent plus précaires que les emplois ouvriers disparus, et ils sont moins bien rémunérés.
Les femmes ne sont donc pas tout à fait les grandes gagnantes de la crise, et l’économiste de rappeler que celles qui sont situées plutôt en bas de l’échelle sociale écopent plus souvent que les hommes des contrats à durée déterminée ou à temps partiel. Mais le constat de Laurent Davezies rappelle combien il est nécessaire de désamorcer les étiquettes « masculin » ou « féminin » qui collent à des secteurs d’activité ou à des corps de métier tout entiers, si l’on veut aller dans le sens d’une vraie égalité des chances entre hommes et femmes.
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