Formulée au micro de Madmoizelle sur Twitch le 21 mars dernier, l'idée de Françoise Rousseau s'était attirée les foudres de contestataires sur les réseaux sociaux. Pourtant, suggérer de mettre en place un "délit de non-partage des tâches domestiques" revenait à épingler l'inégale répartition d'un tel travail non-rémunéré, et par la suite, à espérer rééquilibrer la responsabilité de l'entretien du foyer et de l'éducation des enfants dont la charge incombe encore en grande majorité aux femmes.
Nécessaire, donc, tant la question que l'économiste soulevait est éminemment politique.
A croire le dernier volet de l'Observatoire de la répartition des tâches ménagères Ifop/Consolab, cette proposition jugée "hors-sol" par certains et secondaire par d'autres, n'aurait en réalité "rien de farfelu ou d'iconoclaste" chez grand nombre de concernées. Ainsi, l'enquête réalisée auprès de 1992 personnes du 28 au 31 mars montre que 47 % des répondant·es affirment être séduit·es par cette perspective, et 10 % très favorables. Une proportion qui se décline à 50 % chez les femmes, à 44 % chez les hommes, et monte à 61 % chez les interrogées de moins de 30 ans.
Toutefois, soulignent les résultats, peu seraient prêt·es à porter plainte si un tel délit était constaté : seulement 15 % des femmes estiment qu'elles se rendraient au commissariat dans cette situation (21 % chez les "très féministes"), et 13 % des hommes.
Si l'avis des Français·es "reste partagé", observe François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l'Ifop, "l'idée de l'ex-candidate à la primaire écologiste est loin de susciter une levée de boucliers ou d'apparaître comme l'expression 'd'un principe d'un régime totalitaire'", comme le scandait Pascal Praud sur CNews, rappelle le spécialiste.
Et d'ajouter : "En mettant exergue une inégalité de genre qui est le produit historique d'une domination masculine ayant toujours assigné les femmes à la sphère du foyer, le déséquilibre des tâches et des rôles dans la division du travail domestique semble, dans le contexte électoral actuel, loin d'être un sujet à prendre à la légère."