C'est une émission qui indignait avant même sa diffusion. Ce jeudi 6 octobre sur M6, spectateurs et spectatrices ont pu visionner Trans, uniques en leur genre, un documentaire signé Karine Le Marchand et dédié à la transidentité. Un programme suivi d'un débat, lui aussi très commenté sur les réseaux sociaux.
Car on ne peut pas vraiment dire que ce programme ait particulièrement ravi les personnes concernées. "Dangereux et choquant. La partie documentaire se concentre sur la 'douleur' des proches d'une personne trans, c'est indécent", fustige ainsi auprès de Terrafemina, Jessica B., membre de Fransgenre, une association d'entraide pour les personnes trans.
"Il y a également eu du mégenrage ainsi que l'utilisation des "deadnames/morinoms" à répétition, alors qu'il a été précisé dans le documentaire que ce n'était pas quelque chose à faire. Le tout dans une optique sensationnelle", dénonce encore Jessica. Pour rappel, "mégenrer" quelqu'un consiste à employer des pronoms personnels qui ne corresponde pas au genre auquel la personne s'identifie. Quant au "deadname", il s'agit du prénom assigné à la personne concernée avant sa transition.
Une opinion critique que notre interlocutrice est loin d'être d'être seule à exprimer.
Ainsi Aaron R., également membre de Fransgenre, a lui aussi été choqué par ce documentaire. Un documentaire ? Plutôt "une émission de téléréalité" selon lui. "Dès les premières minutes, les femmes transgenres se font mégenrer. Même en ayant l'accord de ces personnes ce n'est pas correct. S'ensuivent beaucoup d'informations erronées, tel que 'les chirurgies coûtent 90 000€', un chiffre très loin des réalités", dénonce Aaron.
L'aspect journalistique de la chose laisse également Jessica perplexe. "Le but était plus le spectacle que d'informer au sujet des personnes transgenres. De plus, la partie débat affiche deux personnes ouvertement transphobes. C'est intolérable". Documentaire comme débat ont donc beaucoup fait réagir... Mais pas dans le bon sens.
"Il est affligeant de voir parmi les invités deux personnes transphobes, comme cette mère membre d'Ypomoni, un collectif prônant les thérapies de conversion. Je pense aux enfants transgenres, dont les parents s'y connaissent peu qui risquent de se tourner vers ce type d'organisations. La transphobie est punie par la loi. Qu'est ce que cela renvoie aux téléspectateurs ?", déplore d'ailleurs à ce propos Aaron, fustigeant un programme "truffé de fausses informations, sans aucun respect des personnes transgenres".
Dans une interview donnée à Puremedias, Karine Le Marchand se défend de ces critiques, tout en délicatesse : "Je suis tout le temps attaquée. J'ai l'habitude. En traitant de la transidentité, je ne cherche pas l'apaisement et je ne cherche pas la paix. Je ne fais pas des soirées en prime time sur le toilettage des chats, c'est sûr..."