Dans une malle en métal, le long d'une route. C'est ainsi qu'a été retrouvé le 4 janvier dernier le corps d'Edwin Chiloba, au Kenya. Le jeune homme de 25 ans était un mannequin et créateur de mode talentueux. Mais également, un militant LGBTQ, dans un pays où l'homosexualité est criminalisée.
Edwin Chiloba aurait été étouffé et serait mort d'une asphyxie - des chaussettes ont été retrouvées dans sa bouche lors de l'autopsie. Son corps a également été atrocement mutilé. Ses yeux notamment ont été arrachés. Bien des voix perçoivent cet assassinat comme le symbole d'une oppression nationale et d'un conservatisme forcené. Car au Kenya, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont punies par la loi et peuvent entraîner jusqu'à 14 ans d'emprisonnement.
C'est notamment à travers la mode que Edwin Chiloba, qui était orphelin, souhaitait défendre la cause queer, en interrogeant les normes de genre. "Les réussites d'aujourd'hui sont des marches vers les suivantes. Vous pouvez vous élever de rien et vous recréer totalement. Mon mouvement est pour tout le monde. Il s'agit d'inclusion. Je vais me battre contre ce qui m'a marginalisé et pour les personnes marginalisées", aimait à affirmer le jeune homme, comme le relate Têtu.
Son meurtre a fait réagir la communauté LGBTQ et les défenseurs des droits humains. La commission kényane des droits de l'homme ainsi dénoncé "un nouvel acte répugnant de violence homophobe".
"Edwin Chiloba incarnait l'authenticité et vivait avec audace. Il a été assassiné, brutalement. Dites son nom", "Souvenez-vous de lui pour le créateur de mode emblématique et la personne aimant s'amuser qu'il était", "Le meurtre du défenseur des droits de l'homme Edwin Chiloba, me remplit d'une profonde tristesse, il est urgent de redoubler d'efforts pour la protection des personnes LGBTQ", peut-on notamment lire sur les réseaux sociaux.
Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine, avait appelé à ce que "toutes les responsabilités soient établies" dans cette sordide affaire. Depuis que le corps du jeune activiste a été retrouvé, cinq personnes ont d'ores et déjà été placées en détention provisoire, dont un photographe indépendant qui aurait été un amant de la victime.