Lancé le 8 mars 2021, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, et fondé par Anna, Sasha, Vénus, Lotta, Sofia et Carol, XY média vise tout d'abord à "informer sur l'actualité, l'histoire du mouvement trans et apporter un discours transféministe accessible au plus grand nombre". Il permet surtout aux personnes concernées de se retrouver aussi bien devant que derrière la caméra, et donc, de produire des contenus fidèles à leur vécu. Car les fondatrices le soulignent : "99 % des journalistes qui font des sujets sur nous" sont des femmes et des hommes cisgenres.
"Nous sommes un collectif des personnes trans. Certain·es travaillent dans l'audiovisuel, d'autres sont militant·es dans des associations. Nous ne sommes pas des journalistes professionnel·les, nous n'avons pas de carte de presse, mais nous sommes engagé·es dans les luttes transféministes depuis longtemps", se présentent-iels.
Au programme de cette plateforme inédite et percutante : des vidéos d'une quinzaine de minutes qui donnent la parole à des intervenant·e·s transgenres ou non-binaires.
Il y a notamment Rosalind, qui évoque l'intersectionnalité et son expérience en tant que femme noire trans. Kelsi Pheung, réalisateurice, qui parle de la non-binarité en Occident et dans les pays colonisés, répondant notamment à ces questions : est-elle une mode ? Quelle est son histoire ? Ou encore Vénus Liuzzo, co-fondatrice, qui aborde la représentation et les problématiques liées à la visibilité trans. Autant d'angles instructifs, passionnants et parfois même "non-dénués d'humour", note Têtu qui a listé le compte comme l'un des 7 à suivre pour s'informer sur les transidentités.
En seulement deux mois d'existence, une dizaine d'entretiens sont déjà disponibles sur leur compte Instagram, ainsi que des textes qui présentent des figures majeures, à l'instar de l'auterice et activiste Leslie Feinberg, ou des rappels historiques, comme l'origine du 19 mai en tant que journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
"Aujourd'hui, les personnes trans sont quasi-inexistantes dans l'espace médiatique, et quand nous le sommes, on parle de nous sans pour autant nous donner la parole. Il nous faut riposter et assurer qu'au futur aucune conversation ne se tienne sur nous sans nous", martèle XY Média. "Pour faire porter nos voix plus loin dans le débat public, il nous faut plus de canaux d'expression, il nous faut nos propres plateformes."
Justement, afin que ce travail précieux puisse perdurer et être rémunéré, ses créatrices ont lancé une campagne KissKissBankBank. Elles précisent en outre : "si notre projet reçoit assez de soutien nous avons l'ambition de produire des films documentaires transféministes moyen et long-métrages". Nécessaire, sans aucun doute.