Nicolas Sarkozy a tenu à Marseille son premier grand meeting de campagne, au cours duquel il a parlé de la France et des Français. Devant une foule enthousiaste d'au moins 12.000 personnes rassemblée au Parc Chanot pour soutenir le candidat-président, parmi lesquels le Premier ministre François Fillon, le patron de l’UMP Jean-François Copé ou encore l'épouse du chef de l’Etat Carla Bruni-Sarkozy, Nicolas Sarkozy a durci le ton de sa campagne présidentielle, faisant feu de tout bois contre son rival socialiste François Hollande.
Il a ainsi longuement opposé sa politique et sa vision de la France à celle de son principal concurrent, l’accusant de ne « pas aimer la France ». « Quand on aime la France, on n'est pas du côté de ceux qui, pour défendre leurs intérêts, bloquent le pays et prennent les Français en otage (...) on a l'obsession de ne pas l'affaiblir (...) on dit la vérité aux Français sur ce que l'on veut faire, sinon on jette le discrédit sur la parole publique », a martelé le chef de l'Etat, en soulignant qu’aimer la France c’est refuser « d'accepter les 35 heures », « de promettre la retraite à 60 ans » ou encore « d'aborder l'immigration par la seule posture idéologique ». Ce, avant de dénoncer vigoureusement la « faiblesse », les « mensonges » et le manque de « courage » de son rival.
A l’inverse, Nicolas Sarkozy a insisté sur son bilan qu’il juge « courageux » dans un contexte de crise. « La France a résisté, la France a tenu et les Français ont fait face », a-t-il lancé, répétant à plusieurs reprises « nous avons réussi à éviter la catastrophe ». Et si les effets de ses réformes ont certes été « masqués par les dégâts de la crise », il assure qu’elles ont malgré tout permis à la France de renouer « avec ses valeurs » comme le « travail », l'« effort » ou encore « l’intelligence ».
Le « candidat du peuple »
Face à un candidat socialiste qu’il a tenté de présenter sans le nommer comme « le candidat d'une petite élite contre le peuple », il a souhaité se positionner comme le « candidat du peuple de France ». Au nom de ce respect du « peuple », il a ainsi fait valoir à nouveau son projet de référendum sur les questions du droit des chômeurs ou de l’immigration. « Le référendum, c'est l'esprit même de la Ve République », a-t-il affirmé, souhaitant ainsi s’opposer à ceux qui pensent que se « tourner vers le peuple, c'est du populisme, parce qu'au fond d'eux-mêmes ils trouvent que le peuple n'est pas assez raisonnable, pas assez intelligent pour qu'on lui demande son avis ».
De même, N. Sarkozy s’est prononcé pour l’ajout à « la marge » d’une dose de proportionnelle pour les législatives, estimant que le mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, tenait à l'écart « de grands courants de notre vie politique », allusion directe au Front National. Une posture jugée comme un « nouveau leurre » par le candidat du MoDem François Bayrou. Quant à Marine Le Pen, elle a infligé un « carton rouge » à l’ensemble du discours du président.
Une campagne menée avec « violence et agressivité »
Quant à François Hollande, il a dénoncé la « violence » et l’« agressivité » du président. « La violence et l'insulte (sont) un signe de faiblesse », a-t-il ainsi répliqué sur BFMTV, avant d’ajouter « ce n'est pas parce qu'il y en a un qui veut vous chercher dans la cour de récréation que vous êtes obligés d'aller le suivre dans ce pugilat, je m'y refuse ». Le candidat socialiste veut se montrer au-delà des attaques du chef de l’Etat, estimant que « le bilan de Nicolas Sarkozy, les Français le connaissent : son projet, c'est son bilan (...) ce qu'il a dit encore cet après-midi (à Marseille), c'est la justification de ce qu'il avait fait et aucune proposition nouvelle ». Quant aux propos de Nicolas Sarkozy, accusant François Hollande d’avoir « fait semblant d'être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris », en référence à des récents propos du candidat PS à l'Elysée au Guardian, M. Hollande a répondu : «Thatcher c'est son modèle, pas le mien, la finance a été et est notre adversaire quand elle est devenue folle ». « Moi, je fais en sorte de présenter mon programme, mes idées, ma démarche, ma volonté, mon chemin pour la France. C'est le seul objectif que je me fixe », a-t-il dit.
Crédit photo : AFP
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