La mode devient politique. Le réchauffement climatique est bien réel, n'en déplaise à Donald Trump, et chacun de nos gestes compte pour essayer de ne plus tuer la planète à petit feu et de renverser la tendance. Notre consommation alimentaire, déjà, notre consommation d'énergie, aussi, mais également la façon dont on achète nos vêtements.
Faire les magasins a un coût écologique considérable, surtout si l'on se dirige vers des boutiques dites de fast-fashion, soit mode rapide ou carrément irrespectueuse envers tout ce qui touche à la Terre et à ses habitant·es. On ne vous fera pas culpabiliser, nous aussi on a craqué plus d'une fois chez Zara, mais le moment est venu de préférer des marques éthiques qui priorisent l'écologie.
Car que se passe-t-il quand on commande chez des marques de fast-fashion ? D'abord, les dégâts environnementaux sont énormes. La fabrication de vêtements à grande échelle entraîne des émissions de gaz à effet de serre colossales, le rejet de polluants dans les eaux et les sols, et une utilisation gigantesque d'eau potable. Ajoutez à cela le transport pour acheminer la marchandise jusqu'à chez vous et le plastique utilisé pour emballer vos achats, et vous obtenez une empreinte irréversible. En 2016, Greenpeace a d'ailleurs tiré son énième sonnette d'alarme pour alerter sur les dangers d'un tel consumérisme. Mais il n'y a pas que la planète qui trinque. Les travailleurs·euses aussi en prennent pour leur grade dans le processus. Le droit social est quasi inexistant et en plonge beaucoup dans un esclavage moderne, avec des conditions déplorables que nombre d'acheteurs préfèrent ignorer.
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ? Changer sa façon de consommer à tout prix, regarder d'où vient ce qu'on achète et se tourner vers des marques qui veulent elles aussi agir dès maintenant. Des enseignes qui contrôlent chaque étape de leur chaîne de fabrication et l'améliorent au quotidien pour délivrer des produits de qualité, en quantité plus réduite. Le coût est certes plus élevé, mais il oblige aussi à acheter moins, et donc à lever le pied sur le gaspillage.
On a répertorié six boutiques, en ligne ou non, qui ont fait le pari de demain. Parce qu'on n'a plus le temps.
1083, c'est pour le nombre de kilomètres qui séparent les deux villes les plus éloignées de France, Menton (Côte d'Azur) et Porspoder (Finistère). Et c'est aussi la distance maximum qui séparera le consommateur de la fabrication de ses futurs vêtements. A l'origine du projet, Thomas Huriez, qui choisit de se spécialiser dans le jean pour atteindre tout le de monde (les tailles vont jusqu'au 50). Des coupes classiques dans une toile foncée réalisée de A à Z en France. Son tour de force ? Proposer des jeans d'enfants à louer pour 6 € par mois pour éviter aux parents d'avoir à en acheter au fur et à mesure de leur croissance.
Prix : Dès 99 € pour un jean "bio" confectionné à Marseille ou Bobigny à partir de toile bio tissée dans les Vosges.
La marque lilloise a démarré par quelques posts sur Instagram avant de devenir le phénomène que toutes les modeuses s'arrachent (même Leandra Medine de Man Repeller et Emily Ratajkowski les portent). Derrière Maison Cléo, il y a Marie, la fille et Cléo, la mère. La première à la direction artistique, la deuxième à la confection. Le duo met un point d'honneur à trouver ses tissus lui-même et à n'acheter et produire qu'à la demande. Et encore, comme Cléo est la seule couturière, l'e-shop n'ouvre qu'une fois par semaine afin de pouvoir honorer les commandes sans délocaliser.
Prix : Environ 155 € pour une blouse et le chouchou offert dans le même tissu.
Changement d'échelle, Reformation est la machine de guerre américaine de la mode éthique. Avec sa portée internationale, son marketing ultra-ficelé et ses coupes pointues, la marque peut aussi se vanter de créer sans gaspiller. Sur chaque fiche produit des robes que l'on rêve d'ajouter à son vestiaire, on peut lire les quantités d'eau, de gaz et de carburant consommées et économisées, et les tissus recyclés dans lesquels elles sont réalisées.
Prix : Les premiers prix sont à 200 $ pour une robe, soit environ 180 €.
La Seine & moi, c'est la marque made in Paris qui fabrique des fourrures... 100 % véganes. Lauréate du Prix de la mode végane 2016 pour meilleure fausse fourrure décerné par la PETA , elle convainc par les coupes tendances, les couleurs douces et le toucher inégalable de ses pièces garanties éthiques et confectionnées à la main dans l'atelier parisien de la créatrice, Lydia Bahia.
Prix : Comptez 600 € pour un manteau en fausse fourrure.
L'enseigne britannique est l'une des plus anciennes sur le créneau de la mode éthique. Créée en 1991 avec comme fer de lance une production éco-responsable et respectueuse de ses employé·e·s, elle propose des vêtements classiques et une belle sélection de robes et de t-shirts imprimés. Sa réputation n'est plus à faire. En 2007, elle collabore avec Vogue Japon autour de la mode éthique et remporte l'Observer Ethical Fashion Award en 2009.
Prix : 159 € pour une salopette et 89 € pour une jupe, toutes les deux en velours.
Nichée dans le 11e arrondissement, la boutique Manifeste 011 rassemble une sélection de marques éthiques et véganes internationales qui prouvent que mode et respect de l'environnement n'ont rien d'antinomique. Les soeurs jumelles derrière le projet, Judith et Maud, allient style impeccable et volonté de faire bouger les choses au sein d'un milieu encore réticent au changement. Leur déclic ? Le documentaire The True Cost, qui dénonce l'industrie de la mode.
Prix : Éclectiques. Selon les marques, ils peuvent varier de 29 € pour un t-shirt à 330 € pour une veste.