Le dieu de la politique procède parfois par des voies insoupçonnées. Les Jeunes Démocrates du MoDem doivent leur nouvel adhérent, Thomas Schmittag, 19 ans, à la force de conviction de sa petite amie : « C’est elle qui m’a poussé. C’est une centriste convaincue, encartée depuis deux ans, et responsable jeunes en Lorraine », explique-t-il sans détour. Mais rendons à César ce qui lui appartient : ce jeune alsacien, étudiant en première année de licence LLCE d’espagnol (langues, littératures et civilisations étrangères) à Metz (Moselle), a forgé son militantisme dans une famille politisée, résolument à gauche, « voire à l’extrême-gauche, communiste, ce qui fait de moi le plus réac’ de la famille », plaisante-t-il. Ce glissement au centre est tout récent : le jeune militant n’a pris sa carte qu’en novembre dernier. S’il assume ce divorce relatif, il préfère pointer une communauté d’esprit avec le bord politique dont se réclament ses proches. « Le MoDem, ça reste un mouvement assez social, où la solidarité est très importante. Nous partageons les mêmes valeurs que la gauche, l’égalité, la justice et l’humanisme, mais le réalisme en plus. On se demande vraiment si le projet socialiste est réalisable, il comporte trop de dépenses publiques ». Contrairement à la droite, « qui propose des mesures de rigueur », le MoDem défend « des mesures justes et nécessaires, pour servir la population », résume-t-il. Et d’achever sa profession de foi avec une pointe de bon sens populaire : « Je suis pour que l’on sorte du bipartisme à l’américaine. Tout le monde peut se retrouver au centre ».
L’engagement « old school »
Pris en charge par le responsable des Jeunes Démocrates de Moselle, Thomas Schmittag est ravi de l’accueil qui lui a été réservé. Il estime « avoir déjà fait beaucoup de choses en peu de temps », notamment l’organisation d’un débat sur le thème du « produire » avec des chefs d’entreprise, qui a nécessité en amont la distribution et l’affichage de tracts dans les magasins du coin. L’occasion d’inviter des professeurs et des personnalités du parti, comme la députée européenne et conseillère générale de la Moselle, Nathalie Griesbeck. « On attire parfois jusqu’à 70 personnes, parce que François Bayrou est aimé dans la région », commente-t-il. Le week-end, de retour dans son village natal de Boersch (Bas-Rhin), c’est le tractage qui l’attend. Mais son militantisme déborde volontiers sur son emploi du temps de la semaine : « À la fac, on n’a qu’une vingtaine d’heures de cours hebdomadaire, donc ça laisse du temps », justifie-t-il. Si les jeunes militants sont souvent mobilisés par leur parti respectif pour animer blogosphère et web riposte, ce n’est pas le créneau du jeune démocrate. « Je le fais parce que beaucoup de choses se passent sur internet, je poste des vidéos de François Bayrou ou des liens d’articles, mais je ne suis pas fan du tout ». Pas geek pour un sou, il n’est d’ailleurs pas à jour de la vidéo du dernier passage en date sur un plateau télévisé de son candidat à la présidentielle. « Je me méfie un peu, j’ai peur que dans ce flux perpétuel d’informations, les gens ne s’y retrouvent pas. Je préfère leur parler directement ».
La boussole du jeune militant
Le commentaire, la défense de son camp, voilà un exercice obligé que Thomas Schmittag aborde prudemment. C’est avec une candeur certaine qu’il revient sur la prestation télévisée de François Bayrou dans « Paroles de Français » sur TF1. « Il a parlé très juste, il n’était pas du tout flou, je l’ai trouvé très clair ». Voilà pour l’impression d’ensemble. Côté stratégie, « il avait plus d’assurance, il ne se laissait pas couper la parole. En 2007, il se laissait souvent marcher sur les pieds. Il ne se fâchait pas, et les journalistes profitaient de son côté gentil ». Sur le fond, le jeune démocrate tient à rappeler la nécessité de replacer l’école au cœur de la campagne présidentielle. « C’est un des thèmes phares de François Bayrou avec … avec le triptyque produire-construire-instruire », se répète-t-il comme un mantra. La clarté, la simplicité, comme une boussole indiquant le droit chemin, c’est bien ce qu’il loue chez son candidat, à l’heure où d’autres multiplient les annonces improvisées, et les propositions amendées. Le jeune militant ne souscrit pas à la proposition de François Hollande de créer 60 000 postes dans l’Éducation nationale. « Ce n’est pas le nombre qui compte, il faut changer les choses en profondeur ». Cela passe, d’après lui, par le rétablissement d’une année de formation pour les jeunes enseignants, contenu dans les « 30 orientations pour l’éducation » de son candidat. Il aurait aimé, à ce titre, accompagner sa petite amie lors d’une journée spéciale présidentielle organisée dans un lycée. « Mais on ne me l’a pas proposé », confie-t-il, conscient de son statut de novice. Satisfait de son sort, il n’aspire pas pour l’instant « à être mieux gradé » et reste concentré « dans cette phase d’observation ». « J’aimerais un jour être maire ou député », mais chaque chose en son temps.
Élodie Vergelati
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