A quand un projet de loi visant à donner aux femmes la possibilité de bénéficier d'un congé menstruel au travail ? C'est là la grande question que pose une nouvelle étude, réalisée pour le fabricant de culottes menstruelles Eve and Co. Une enquête réalisée par l'IFOP auprès de 993 femmes salariées âgées de 15 ans et plus, et qui est source de riches enseignements.
On y nous apprend ainsi que 66% des salariées seraient favorables au congé menstruel en entreprise, et que 64% des personnes concernées pourraient y avoir recours. En outre, 66% des salariées interrogées estiment qu'une entreprise proposant le congé menstruel "serait plus attrayante".
Des chiffres qui témoignent d'un vécu bien réel. Effectivement, 65% des femmes en activité salariée ont déjà été confrontées "à des difficultés liées à leurs règles au travail". Ainsi, 53% des salariées interrogées indiquent subir des règles douloureuses, voire "très douloureuses" pour 16% des personnes interrogées. 35% des salariées confient que leurs menstruations auraient un "impact négatif sur leur travail" (85% chez celles dont les règles sont très douloureuses).
Elles sont 48% à avoir eu des problèmes de concentration, 44% à peiner à se tenir debout ou encore 38% à avoir rencontré des difficultés pour accéder aux toilettes afin de changer leur protection périodique. Les femmes managers seraient les plus exposées, "74% d'entre elles faisant état de l'un ou l'autre de ces problèmes", souligne l'étude.
Cette étude témoigne également des craintes qu'éprouvent les salariées à ce sujet. Craintes bien légitimes, qui rendent compte des préjugés et de la stigmatisation associés aux règles. Ainsi, 82% des salariées redoutent toutefois que le congé menstruel "puisse être un frein à l'embauche ou à l'évolution des femmes".
Rappelons que le sujet des menstruations est encore un tabou en entreprise pour bien des salariées, ressentant peu de soutien. Ainsi il y a deux ans, une étude britannique nous apprenait que 32 % des hommes pensent que parler des règles au taf n'est "pas professionnel". A l'unisson, ce dernier rapport précise que 21% des salariées menstruées ont déjà fait l'objet de moqueries ou de remarques désobligeantes.
Désolant alors que 35% des salariés déclarent que leurs douleurs menstruelles impactent négativement leur travail, et 37%, que la gêne des règles est sous-estimée dans leur entreprise. "Si l'instauration du congé menstruel est considérée comme une solution qui peut compenser les difficultés liés aux menstruations, il s'agit là d'un sujet dont il reste compliqué de parler au travail, particulièrement avec des collègues ou des supérieurs hiérarchiques masculins", décrypte Louise Jussian, chargée d'études au pôle "Politique/Actualités" de l'IFOP.
Pour l'experte, les femmes se confronteraient malheureusement encore trop à "une société pas encore prête à accepter sans préjugés le congé menstruel". Mais jusqu'à quand ?