« Dans chaque canton seront élus, solidairement, deux candidats de sexe différent. C'est le gage d'une parité enfin respectée dans les assemblées départementales », expliquait Manuel Valls en janvier dernier lorsqu’il présentait devant le Sénat le projet de loi créant le nouveau scrutin binominal paritaire. Actuellement, sur un total de 4035 conseillers généraux, on ne compte en effet pas plus de 617 femmes. Mais après des débats houleux qui avaient même vu certains élus de l’opposition qualifier la parité « d'obsession sexuelle collective », le projet de loi avait été rejeté par les sénateurs.
Parmi les opposants au texte, Sylvie Goy-Chaven, sénatrice de l'Ain affiliée à l'UDI-Union centriste et fervente partisane de la parité depuis plusieurs années avait expliqué sa position au JDD.fr. Même si celle-ci admet que « les idées peuvent être bonnes », elle s’inquiète des répercutions de cette décision : « Comme les comptes de campagne vont être communs aux deux candidats, cela va multiplier les contestations. La constitution de binômes encourage le bipartisme UMP/PS. Et je crains que, dans le cadre de la répartition des compétences, on charge l'élu des questions financières et de sécurité tandis que l'élue sera préposée aux crèches et aux ramassages scolaires. »
Des arguments repris depuis lundi par les opposants à ce projet loi actuellement débattue à l’Assemblée nationale, des opposants que l’on trouve parmi l’opposition mais aussi parmi la majorité. Ainsi Catherine Coutelle, la députée (PS) de la Vienne avait aussi exprimé son désaccord lors de l’examen du texte en Commission des lois. « À titre personnel, je ne suis pas favorable à l’élection d’un "binôme" de conseillers départementaux. Il doit exister une solution plus simple que cet OPNI – objet politique non identifié. » Celle-ci avait même estimé dans une interview accordée à Terrafemina que cette proposition était « choquante et humiliante pour les femmes. Cela revient à dire que les femmes n'arriveront jamais par elles-mêmes dans les conseils généraux et soutient cette fausse ancienne idée que les femmes font perdre les élections. »
Marie-Jo Zimmermann, élue au sein du groupe UMP de l'Assemblée nationale et elle aussi fervente partisane de la parité avait aussi expliqué son opposition « pour d’autres raisons » au JDD.fr. Elle dénonçait en effet « la suppression de nombreux cantons ruraux », bien qu’elle ait affirmé qu’au sujet de la parité elle n’avait « pas d'a priori sur ce projet de loi, car il a le mérite de s'attaquer au conseil général, dernier bastion politique où les femmes sont sous-représentées ». Elle exprime malgré tout plusieurs inquiétude : d’abord quant à la répartition des dossiers au quotidien (« les affaires sociales pour les femmes, les finances pour les hommes ? »), ensuite quant à la mise en place des premiers binômes : « Ce sont les hommes déjà élus qui choisiront les femmes candidates », craint-elle.
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