Steak végétal : l'appellation vouée à bientôt disparaître ? Le gouvernement y travaille

Qui aura la peau du steak végétal ? En cette rentrée des classes, qui est aussi une rentrée des classes politiques, le gouvernement français a indiqué vouloir faire interdire dans un avenir proche l'usage des mots "steak", "saucisse" et "grillade" pour désigner des produits à base de protéines végétales - des substituts végétaux, en somme.

Exit donc le "steak végétal", en tout cas cet intitulé, devenu familier à beaucoup, de nos rayons de supermarchés et magasins ? Pourquoi pas. Comment expliquer cette initiative qui fait l'objet d'un tout nouveau décret ? C'est simple. Le gouvernement voit là une forme de "confusion", qui pourrait troubler le client.

"C'est un enjeu de transparence et de loyauté qui répond à une attente légitime des consommateurs et des producteurs", a estimé le ministre de l'Agriculture français Marc Fesneau... Quitte à faire réagir.

Ca n'a l'air que d'un simple détail de sémantique, mais ce décret gouvernemental suscite la passion au sein des associations et militances écolos. "Le terme steak végétal est utilisé depuis plus de 40 ans. Et certains mots évoquant une forme, comme la saucisse, ou une façon de cuisiner sont difficiles à remplacer", s'offusque par exemple auprès de l'AFP Guillaume Hannotin, avocat de l'organisation Protéines France.

Dans les pages de "Libé", une autre voix très critique s'élève, celle du philosophe Olivier Assouly, qui défend l'espace d'une tribune cette idée : "il n'y a pas que la viande qui est de la viande !".

Selon l'enseignant-chercheur à Paris 1, l'interdiction d'appellations comme "saucisse végétale" ou "steak végétal" serait née d'une volonté de la part des acteurs de la filière "viande" de "contrôler le terrain du langage" en conservant, "grâce à un privilège sémantique, le droit exclusif d'écrire nuggets, lardons, jambon, saucisse". Et le philosophe d'énoncer : "Hors de question de se laisser concurrencer par le monde végétal !".

A noter, relève le magazine Elle, que le décret mis en branle aujourd'hui fait suite à un précédent, publié en juin 2022, qui avait finalement été suspendu en référé par le Conseil d'État. Ce nouveau décrit quant à lui attend encore d'être signé par la Commission européenne... Un débat loin d'être achevé donc.