Pas de trêve en Syrie, où au moins 116 personnes -68 civils, 41 soldats et 7 rebelles- ont péri dans la journée de mardi selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui indique même que la violence des combats s’est intensifiée près de Damas depuis que des positions de la Garde républicaine ont été visées. « Ces banlieues abritent des casernes de troupes très importantes pour le régime, comme la Garde républicaine (corps d'élite chargé de la sécurité de Damas et de ses banlieues). C'est là aussi où habitent des familles d'officiers », explique à l’AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, d’où le recours inédit « à l'artillerie lourde » dans les combats.
Par ailleurs, d’après Amnesty International, trois étudiants engagés dans l'aide médicale aux victimes de la répression ont été retrouvés à Alep, morts, brûlés et mutilés. Ils faisaient partie d’une équipe de médecins et d’infirmiers qui avait monté un hôpital d’urgence pour les manifestants ne pouvant se rendre dans les hôpitaux publics par crainte d'être arrêtés.
Une attaque « terroriste » menée contre la chaîne de télévision officielle Al-Ikhbariya à Damas aurait également causé la mort de trois journalistes et employés mercredi matin, selon l'agence de presse Sana.
Une « guerre » totale
Lors de la première réunion du nouveau gouvernement syrien ce mardi, le président Bachar al-Assad a annoncé la couleur à ses ministres : « Nous vivons une véritable situation de guerre (...). Toutes nos politiques et tous les secteurs doivent être mis au service de la victoire dans cette guerre ». Depuis le début du soulèvement en mars 2011, le président syrien assimile la révolte à du « terrorisme ». Une révolte désormais militarisée et organisée, et soutenue par la communauté internationale.
Les récentes défections au sein de l’armée loyaliste, la localisation des combats dans les environs de Damas, et la destruction d'un avion turc par la Syrie constituent pour les Etats-Unis des preuves que le régime al-Assad perd « lentement -trop lentement- son emprise sur le pays ». Même analyse pour l’opposant en exil Burhan Ghalioun. Celui-ci a fait une escale de quelques heures dans la ville d'Idleb à la frontière de la Turquie, pour rencontrer les « révolutionnaires », et en a conclu que le régime « s'effrite à tel point qu'il ne parvient plus à contrôler quoi que ce soit ».
Suite à la destruction le 22 juin dernier de l'un de ses avions de combat par les défenses aériennes syriennes, la Turquie a d’ores et déjà prévenu que toute violation de sa frontière par la Syrie occasionnerait une riposte. L'Otan a par ailleurs affirmé sa solidarité envers Ankara, jugeant cet incident « inacceptable ».
Conférence à Genève
Pour maintenir l’union de la communauté internationale sur le sujet de la transition politique en Syrie, l'émissaire international Kofi Annan est en train d’organiser une réunion des grandes puissances samedi à Genève, pour évoquer son plan de sortie de crise. La Russie, alliée du régime syrien, pourrait décider de participer à cette entrevue, à condition que l'Iran y soit également invité. Une idée sur laquelle le secrétariat d'Etat américain émet de grandes réserves : « Vu le soutien apporté par Téhéran au régime et son attitude permanente vis-à-vis de la Syrie, nous ne pensons pas que l'Iran puisse apporter une contribution utile aux discussions », a déclaré la porte-parole d’Hillary Clinton.
Depuis son entrée en vigueur le 12 avril dernier, le plan Annan pour la paix et la mission des observateurs de l'ONU n’ont pas apaisé les violences en Syrie. Depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011, plus de 15 000 personnes ont péri, selon l'OSDH.
(Avec AFP)
Crédit photo : AFP
Syrie : Asma el-Assad soutient son « doux pays » sur un T-shirt
Syrie : le viol, une arme de plus pour l'armée
Syrie : un an après, la torture érigée en système
Syrie, le choc : les femmes et les enfants martyrs de Homs