Il y a des films qui vous poussent vers la porte d'entrée par leur seul titre : c'est clairement le cas de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, élu blaze de film le plus improbable de 2024. Un concours qu'il remporte haut la main alors que nous ne sommes qu'en mars : mille bravos.
Cette comédie horrifique à découvrir dès à présent en salles est le tout premier film d'une cinéaste : Ariane Louis-Seize. L'histoire est un savant mélange entre un teen movie de Gregg Araki et... Twilight. Plus ou moins. Une ado vampiresse aux faux airs de Mercredi, la fille de la famille Addams (incarnée successivement par Christina Ricci et Jenna Ortega) s'énamoure d'un ado humain qui, harcelé au bahut, souhaite... Tout simplement mourir.
Entre les deux éclot l'idylle et un éventuel échange de bons procédés : notre vampire déteste "chasser" et sucer le sang de victimes encore vivantes, notre lycéen ne tient plus à la vie, ils étaient donc faits pour se rencontrer. Entre la rom com, l'horreur, la parodie, le teen movie, le cocktail semblait too much et confus... Et pourtant ! On avait si tort de se méfier.
Paré de ce postulat curieusement tragicomique, la jeune cinéaste québécoise - oui, c'est un film d'horreur québécois - délivre une jolie fable pleine d'ironie qui s'amuse à détourner les codes du genre vampirique. On y dégomme des poches de sang comme des yaourts, on s'y frappe à coups de pelle sans grande conséquence, on y apprend que les croix provoquent chez les vampires de regrettables "nausées". Pastiche, oui, mais jamais cynique avec ça.
Mais en vérité, on a surtout savouré la façon dont Ariane Louis-Seize met à l'honneur son héroïne, emo goth aux looks façon Winona Ryder, dont la nature monstrueuse jure avec son caractère introverti... Et ses convictions vegan. Plus encore, la relation qu'elle noue avec son âme soeur est touchante. Elle permet d'aborder, l'espaces de tête à tête intimistes, un thème aussi grave que la pulsion de mort de la jeunesse, le harcèlement, les idées suicidaires... Avec une sorte de mélancolie drôlatique qui détonne par sa justesse.
Ajoutez à cela que la musique confère à l'ensemble une atmosphère à se damner, que les cadres peaufinés ont quelque chose de joliment macabre, et que l'humour noir se marie tout à fait au spleen teenage du projet... Et vous obtiendrez un bien bel ovni où, qui plus est, les personnages féminins forts sont tout à fait majoritaires : de notre jeune protagoniste qui lutte contre son destin à sa tante haute en couleurs, la galerie est fabuleuse.
On en redemande !