Pamela Badjogo n'en est pas à sa première prise de parole en matière de défense des droits des femmes. En avril 2017 déjà, la chanteuse et compositrice d'afro jazz gabonaise dirigeait le programme "Moussoyayé Koba yé" ("C'est une excellente chose d'être une femme"), un collectif contre les violences basées sur le genre. L'initiative, soutenue par l'ONU femmes notamment, a rassemblé une vingtaine d'artistes parmi lesquelles Rokia Traoré, lors d'un concert au Mali. Plusieurs mois plus tard, en janvier 2018 à Douala, au Cameroun, Pamela Badjogo animait un atelier sur l'autonomisation des femmes africaines.
Ce 8 mai, à l'occasion de la sortie de son nouvel album KABA, la chanteuse livre Respectez-nous, un morceau en français qui dénonce les violences conjugales et les discriminations que les femmes subissent au quotidien. Un hymne à l'égalité femmes-hommes à base de "saveurs afro beats rétro-futuristes à base de synthés électroniques modernes qui rappellent les nuits dans les clubs de la diaspora africaine à Londres", comme le souligne sa maison de disques.
A travers les paroles, le message de la chanteuse est limpide. Elle s'attaque aux hommes qui battent leur conjointe en accusant le soit disant respect du mariage et de l'homme : "Tu sais chez nous, le mariage c'est sacré, faut pas contrarier le chef du foyer, si tu sais pas bien faire ton mafé, trois côtes cassées, pas cher payé". Elle mentionne le harcèlement sexuel que subissent certaines femmes lors d'un entretien d'embauche par exemple, et appelle à l'égalité : "Les femmes aussi ont deux mains et deux pieds, admettez qu'on pourrait vous apporter, la matière grise qui pourrait vous manquer. Quand va-t-on s'écouter ? Homme et femme sur un pied d'égalité, maintenant c'est comme ça".
Le clip a été tourné à huis clos, en référence au confinement et à l'augmentation tragique des violences intrafamiliales (sur conjoint·e ou enfant) pendant la crise sanitaire, constatée par l'Organisation mondiale de la santé. Au 7 mai, les services dédiés enregistrait d'ailleurs 60 % d'appels d'urgence en Europe pendant la quarantaine. "Respectez-nous tourne en dérision des situations d'oppressions telles que les violences conjugales et le harcèlement sexuel au travail dénoncés par le mouvement #MeToo". L'humour pour mieux alerter ? En tout cas, la chanson reste en tête - et son message aussi.