"Qu'on se le dise d'emblée : rien ne peut justifier une telle décision. C'est une mesure discriminatoire, excluante et totalement contraire aux valeurs du sport que nous défendons."
Parmi les signataires du texte paru ce mercredi 9 février dans Libération, on retrouve la boxeuse Aya Cissoko, les footballeurs Eric Cantona et Lilian Thuram, l'athlète Ladji Doucouré ou encore Jessica Houara, ancienne footballeuse PSG, ancienne internationale de l'équipe de France et consultante télé. Ils et elles sont cinquante à apporter leur soutien aux hijabeuses qui ne demandent qu'une chose : pouvoir pratiquer leur sport en portant le voile.
Le 19 janvier 2022, le Sénat a adopté un amendement visant à interdire "le port de signes religieux ostensibles" lors des "événements et compétitions organisés par les fédérations sportives et les associations affiliées", note le texte. Et ce mercredi 9 février, la proposition est de nouveau débattue à l'Assemblée nationale.
"Si le 'voile' n'y est pas explicitement mentionné, les sénateurs qui l'ont déposé ont été très clairs quant à leurs intentions", dénonce encore la tribune. "Ce sont les sportives portant le voile qui sont visées et qui seront les principales victimes de cette législation. Ce sont elles qui, en plus de tous les espaces dont elles sont déjà exclues, seront contraintes d'abandonner certaines de leurs pratiques sportives, certains de leurs loisirs et de leurs rêves."
Les raisons évoquées par les député·es transpirent elles aussi l'islamophobie : "Plusieurs motifs ont été avancés pour tenter de justifier cet amendement. Ce serait ainsi pour préserver la 'neutralité' du sport, lutter contre le 'séparatisme', garantir l'égalité entre les femmes et les hommes ou encore pour des raisons d'hygiène et de sécurité. Aucun de ces arguments ne tient."
Autre "détail" qui fait bondir, la proposition de loi dont est tiré cet amendement porte le titre suivant : "Démocratiser le sport en France".
Ensemble, ils et elles martèlent haut et fort : "Démocratiser le sport, c'est le rendre accessible à toutes celles et ceux qui le souhaitent, sans distinction d'origine, de genre, de classe sociale, de religion, d'orientation sexuelle, d'état de santé ou de handicap. Démocratiser le sport, c'est s'assurer que nos terrains ne soient jamais des espaces d'exclusion mais au contraire, des lieux de rencontre, d'échange, de défis, et de partage. C'est d'ailleurs ce qui, parmi tant d'autres choses, nous fait vibrer dans nos pratiques respectives."
Et de conclure avec ferveur : "Loin des débats et décisions qui abîment notre société, il nous faut faire vivre et défendre des valeurs de justice, d'égalité, d'inclusion et de respect. S'il y a des médailles à aller chercher, ce sont celles-ci, pas celles qui placent la France sur le podium des pays autorisant les discriminations lors de compétitions sportives." A bon entendeur.