La "to-do list", on connaît bien. On maîtrise même le réflexe à la perfection. Chaque jour, on s'attèle à rajouter des tâches à un inventaire déjà interminable de choses à faire. On a l'impression, pendant quelques instants, de mener notre vie de main de maîtresse quand on écrit "arroser les plantes" en-dessous de "finir présentation marketing", et "acheter PQ" après "rendez-vous client à 11 heures". Un sentiment très satisfaisait. Et pourtant, trop éphémère.
Car vraiment, qui croit-on tromper, avec huit heures pour accomplir vingt missions qui en requièrent le double, et clairement pas assez de café pour carburer ? Le verdict tombe dans notre esprit qui se noie sous trop d'infos : on n'y arrivera jamais. Naît alors, par-dessus le reste, une angoisse particulière mêlée à une auto-flagellation que là aussi, on connaît bien. On s'en veut de ne pas réussir à ce que tout soit bouclé d'ici la fin de la journée, et on finit par procrastiner, écrasé·e sous le poids oppressant que crée notre manque de productivité. Critique et vicieux. Mais pas isolé.
Afin de se détacher de ce schéma populaire et quelque peu nocif, certaines voix expertes ont émis l'idée qu'il serait sûrement plus judicieux de mettre un terme à la hype de la "to-do list". A la place, elles conseillent l'inverse : la "not-to-do list", ou "stop doing list". On vous explique ce concept qui, par son nom intrigant et sa facilité d'exécution, nous a séduite.
Le principe est simple : plutôt que d'énumérer tout ce qu'on doit absolument réaliser, achever, exécuter cette semaine ou aujourd'hui ou dans deux minutes, on s'attaque aux manies qu'il faudrait, au contraire, ne pas (re)produire. Pour vous donner un exemple concret, niveau boulot, on peut envisager un truc du genre :
"Scroller sur Instagram sans but en pleine journée, lire tous ses mails, remettre les tâches importantes à plus tard, ne pas prendre de pause, vouloir que tout soit parfait du premier coup".
Et puis, d'autres non-buts davantage liés à notre bien-être perso : "Se laisser bouffer par son syndrome de l'imposteure, se comparer aux autres sur les réseaux, s'excuser pour tout et rien, se retenir d'engloutir le reste de gâteau au chocolat qui nous fait pourtant tant de bien, amener les écrans au lit, se coucher à pas d'heure en semaine". Si on réussit à se débarrasser de tout ça, la vie sera certainement plus douce. Ou en tout cas, sûrement moins oppressante et culpabilisante.
"Le secret pour parvenir à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée peut être d'arrêter, de se retirer, de se défaire d'activités et d'habitudes spécifiques qui consomment trop de temps et d'énergie", estime l'autrice et experte en durabilité Katherine Martinko dans un article pour le site américain Treehugger, qui donne ses premières impressions après avoir tenté la nouvelle technique post-confinement.
Mère de plusieurs enfants vivant au Canada, elle confie que se concentrer sur sa liste de "choses à ne pas faire" (dans son cas sortir en semaine, regarder des films tard le soir et boire du café l'après-midi) lui a permis de gagner un temps considérable et en fin de compte, de faire davantage de choses pour elle, sans la sensation d'être constamment débordée.
Un objectif qui, sans aucun doute, nous fait envie, tant que l'on reste bienveillant·e envers soi-même et que l'on procède avec indulgence : il ne s'agirait pas de transformer cette nouvelle routine en pavé d'interdictions, ni en moteur à surproductivité néfaste.
Il existe des techniques bien précises pour identifier que mettre ou non sur sa "not-do list". Et pour les trouver, il faut d'abord prendre un peu de temps pour analyser son comportement et ce dont on pourrait clairement se passer. Puis, procéder par étape, comme le stipule le blog de développement personnel Healthy, Happy Teacher.
D'abord, on définit ses buts. Ensuite, on écrit une liste de ce qu'on fait en une semaine, côté pro comme perso. Et enfin, on coupe dans le tas. On dissèque ce qui nuit à notre quotidien, à notre bien-être, à notre épanouissement, et on écrit ce qu'on pourrait laisser tomber. Même si, on est d'accord, les mauvaises habitudes ont la dent dure, et qu'on s'en sépare parfois difficilement. Le tout, c'est de savoir s'observer avec sincérité.
La "not-to-do list", c'est aussi un moyen d'apprendre à dire non, et à déléguer. Aux membres de sa famille, à son partenaire, à ses collègues. De ne pas absolument vouloir plaire à tout le monde, non plus. Ça ne veut pas dire que l'on bannit à jamais nos - tout de même - bien aimées "to-do lists", mais qu'on prend les choses avec un peu plus de recul, et surtout une nouvelle perspective libératrice.