En temps de confinement, dialoguer avec les femmes victimes de violences conjugales - et leur venir en aide - est nécessaire, mais compliqué. Les services mis à disposition par le gouvernement, comme la ligne d'urgence 39 19, sont bien souvent saturés, voire simplement indisponibles. Alors que les associations féministes en appellent au déploiement d'un plan d'urgence, et que le gouvernement met en place certaines initiatives (la possibilité pour les victimes d'alerter au sein des pharmacies par exemple), l'association En Avant Toute(s) propose de son côté une nouvelle initiative : la création d'un tchat.
Autrement dit, un service de messagerie instantanée, mis en place afin de garantir l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences. Lancé avec le soutien de la Fondation des Femmes et du réseau d'associations féministes Solidarité Femmes, le dispositif, anonyme et gratuit, est ouvert sept jours sur sept, de 10h à 21h, sur le site de l'association. Loin du protocole anecdotique, ce tchat est une réponse immédiate à ce que nous vivons aujourd'hui : une inquiétante augmentation des violences.
Rappelons qu'en France, on observe une hausse de 30% des violences conjugales depuis le début du confinement. Raison de plus pour investir la Toile.
"Nous connaissons le travail de cette jeune association que nous soutenons depuis plusieurs années. Ce qu'elles proposent est une solution parfaitement adaptée en cette période de confinement car il est essentiel que toutes les victimes de violences puissent appeler à l'aide", explique en ce sens Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des Femmes (laquelle organise toujours une collecte pour un fonds d'urgence afin de permettre un soutien financier et juridique aux initiatives associatives). Renforcé par des professionnelles expertes et bienveillantes, ce service en ligne propose une discussion d'une trentaine de minute à chaque victime.
Pour ce faire, il suffit simplement d'indiquer un prénom (ou un pseudo) et un numéro de département. Gratuit et accessible, le tchat est également sécurisé. L'emprise du conjoint et agresseur est prise en compte.
"En fermant la page du site internet, la conversation disparaît et n'est plus disponible. Pour supprimer toutes tes traces, pense bien à vider ton historique et effacer les cookies", explique l'association. Et l'échange, lui, est ouvert. "Nous discutons de ta situation, pouvons te conseiller et te recommander une structure proche de chez toi. Nous faisons des propositions, la décision des démarches t'appartient", détaille ainsi En Avant Toute(s).
L'idée de l'association En avant toute(s) est de rester au plus près des victimes, mais "en toute discrétion". Et à ce titre, l'usage du tchat est loin d'être incongru. Car parmi les diverses manières de communiquer avec les victimes de violences sans alerter l'agresseur, l'on trouve, par-delà les applications (comme la toujours nécessaire App-Elles), les services de messageries instantanées et "chatrooms" intégrés aux nombreux jeux en ligne disponibles sur smartphones - mais aussi à des services "groupés" comme Netflix Party.
Face aux violences, affirme l'entrepreneuse et militante Diariata N'Diaye, "tous les moyens sont bons et il faut savoir s'adapter à chaque situation". D'où l'intérêt de ce tchat sécurisé directement pensé par les associations d'aide et de soutien. "Le tchat n'est pas un dispositif d'urgence ! Si tu te sens en danger et que tu as besoin d'une intervention, Appelle sans hésiter le 17 (police secours)", rappelle cependant l'association.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.