Centre de détention ou "camp de concentration expérimental"... Ce que révèle la dernière enquête du média The Intercept glace le sang. En Géorgie, au sud-est des Etats-Unis, des femmes migrantes hispanophones subiraient des hystérectomies - c'est-à-dire, des ablations de l'utérus - au sein d'un centre. Aujourd'hui, ce sont quatre organisations non-gouvernementales de l'Etat qui alertent l'opinion publique (et politique) quant à cette présumée violation des droits humains. Une plainte a déjà été portée à l'encontre du gouvernement américain.
Une interpellation nécessaire : c'est sous les directives officielles de l'agence nationale de contrôle de l'Immigration et des Douanes que seraient détenues ces femmes. A l'origine de ces découvertes, l'alerte de l'infirmière Dawn Wooten, oeuvrant au sein du centre de détention. Maltraitances, état plus que critique des conditions sanitaires, isolement systématique des détenues... La professionnelle de la santé délivre un accablant témoignage. A en croire le Guardian, les hystérectomies se seraient faites "sans protocoles médicaux stricts".
"Un mépris des standards de santé et de sécurité, un manque de soins médicaux, des conditions de vies insalubres", c'est là le constat déplorable que tire à l'unisson Priyanka Bhatt, l'avocate de l'ONG Project South (laquelle se bat pour "la justice raciale et économique"), tel que le relate le Nouvel Obs. Edifiant.
"Des abus, du racisme et des risques liés au coronavirus". C'est ainsi que Project South résume la situation. Effectivement, précise Dawn Wooten, les protocoles médicaux se feraient non seulement contre le consentement des détenues, mais aussi dans des conditions bafouant les mesures inhérentes à la pandémie de Covid-19. Ce qui ne fait qu'exacerber les risques pour la santé de ces femmes. Des cas de contamination auraient d'ailleurs déjà été observés au sein du centre, sans pour autant inquiéter son directeur...
Comme le précise The Intercept, des tests de coronavirus auraient même été purement et simplement refusés par la direction, y compris pour les détenues présentant des symptômes. Face à cette réalité morbide, une pratique tout aussi inacceptable - les ablations de l'utérus déjà évoquées - faite par un médecin que l'infirmière baptise carrément "le collectionneur d'utérus". Un système "chirurgical" tel qu'une détenue parle quant à elle de "camp de concentration expérimental", les expériences macabres en question visant le corps des femmes. Certaines des détenues opérées n'auraient d'ailleurs pas été anesthésiées.
"Cela m'écoeure. C'est une affaire de droits de l'Homme, de droits de reproduction et de santé publique. Nous ne pouvons pas rester silencieuses. Nous devons arrêter cela", fustige la députée démocrate américaine Rashida Tlaib. "Dans ce centre, les femmes migrantes détenues sont jugées indignes de soins médicaux, mais subissent des violences médicales", tacle l'ONG Project Youth, pour qui "le racisme aussi est une crise de santé publique".
Ces mots forts en appellent à une réaction gouvernementale, qui ne vient toujours pas.