Elle n'avait que 31 ans. Le 2 juillet, Sandra Pla, mère d'une petite fille de quatre ans dont elle avait la garde exclusive, a été poignardée à mort. Le principal suspect n'est autre que son ancien compagnon. Les faits se sont déroulés à Bordeaux, et plus précisément près de la rue de la Camena-d'Almeida. Un cas de féminicide (le 58e depuis le début de l'année 2021) qui malheureusement nous en évoque tant d'autres : placé sous contrôle judiciaire depuis le 29 juin dernier, l'assassin présumé avait déjà fait l'objet d'une plainte pour harcèlement.
Il était en attente d'un jugement auprès du tribunal correctionnel de Bordeaux. Aujourd'hui et suite à sa garde à vue, relève le journal Midi Libre, le suspect risque la prison à perpétuité si sa culpabilité est avérée. Plus précisément, comme le rapporte l'enquête du Parisien, la victime avait déposé plainte deux fois contre son ex-compagnon, Mickaël Falou. Ce dernier aurait alors du "se soumettre à des soins", dans le cadre de son contrôle judiciaire.
Selon Le Parisien, le voisinage était depuis quelque temps conscient d'une chose : la séparation entre Sandra Pla et son ex-conjoint s'était mal passée. Celle-ci, qui vivait avec ses parents, avait peur de son ancien compagnon, lequel se rendait souvent devant sa maison, malgré l'interdiction de s'en approcher. L'homme vivait à 400 mètres seulement du domicile où a été retrouvé le corps de la victime.
Le principal suspect se serait barricadé chez lui quand les forces de l'ordre y sont arrivées. Il aurait même menacé de se suicider. Le Raid a du intervenir afin de procéder à son arrestation. Pour les expertes de la loi et les militantes féministes, cette affaire pourrait être un nouveau fiasco dans le cadre de la lutte nationale contre les féminicides.
"Que vaut la vie d'une femme ?", s'interroge en ce sens Muriel Salmona, présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie, sur Twitter. Avant de poursuivre : "Il est impératif que l'État mette tout en oeuvre pour prévenir les féminicides et lutter contre ce terrorisme patriarcal et misogyne. Pourquoi les femmes séquestrées, traquées, violentées et menacées de mort par un (ex) conjoint violent, sont-elles si peu protégées quand bien même elles fuient, alertent, portent plainte à de multiples reprises ?".
"N'ont-elles d'autres perspectives que d'être désenfantées, tuées comme l'a été Julie Douib ?", se demande encore la militante, pour qui les féminicides "ne sont pas une fatalité mais démontrent la faillite de l'État et son incapacité à prévenir et empêcher ces meurtres en interpelant, condamnant et en mettant hors d'état de nuire les (ex) conjoints violents".
Un enjeu plus que jamais majeur, en ce temps de déconfinement qui n'aurait fait qu'exacerber le fléau. L'ex-conjoint de Sandra Pla a quant à lui été mis en examen pour "meurtre par conjoint" et placé en détention provisoire. Ce 4 juillet, un cortège constitué de près de 300 personnes s'est réuni à Bordeaux afin de rendre hommage à la victime.