L'inégale répartition des tâches domestiques s'observe également lorsque la conjointe est en situation de handicap. C'est ce que révèlent deux enquêtes sur le vécu des femmes en situation de handicap réalisées par l'ADAPT (l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) en partenariat avec l'IFOP, et menées auprès de 3000 personnes, dont 2000 concernées.
80% des femmes en situation de handicap déclarent s'occuper elles-mêmes de faire le ménage. Près de 75% d'entre elles affirment s'occuper de la préparation des repas, de faire les courses (74%) et s'occuper des enfants (70%). En somme, ce que l'on appelle "la charge mentale" est considérable parmi les femmes en situation de handicap, tout autant qu'au sein de la population globale interrogée puisque plus de 70 % des femmes affirment à l'unisson gérer les courses, les enfants et les repas.
Ces enquêtes émises à l'occasion de la 26e édition de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées en disent donc long sur une situation inégalitaire systémique.
Selon ces enquêtes détaillées, le temps passé à la réalisation des tâches ménagères est de 8,7 heures pour les femmes en situation de handicap et de 8,5 heures pour l'ensemble des femmes, contre 7 heures pour les hommes en situation de handicap et 6,5 heures pour l'ensemble des hommes. Une nette différence genrée s'observe donc à travers ces chiffres éloquents. Conclusion des travaux de l'ADAPT ? "Le handicap n'a que peu d'impact sur la répartition des tâches domestiques au sein du couple".
Ce qui n'est pas sans conséquences d'ailleurs. Ainsi un tiers des femmes en situation de handicap expliquent "qu'elles aimeraient qu'on les décharge" de ces tâches (32%), et 56% précisent que "les choses sont difficiles dans le domaine des loisirs" à cause du temps dédié à tout ce travail domestique. A ces inégalités systémiques, il faut ajouter ce que révèlent également des études : des violences subies au sein du couple.
Ainsi près d'un quart des femmes en situation de handicap indiquent avoir déjà subi des violences conjugales (23%). Un chiffre supérieur à celui mesurée auprès de l'ensemble des femmes (15%) et des hommes handicapés (13%), relate l'ADAPT. En outre, près d'une femme handicapée sur cinq déclare avoir déjà été violée (16%). Là encore, c'est un chiffre supérieur à celui mesuré concernant l'ensemble des femmes (9%).
"La situation de vulnérabilité physique, psychologique et économique des femmes en situation de handicap les exposent davantage aux comportements de prédation", déplore LADAPT. Accablant.