L'ambiance est morose. Après un confinement de deux mois et un été prudent, c'est le couvre-feu qui vient d'être annoncé par le gouvernement. Une directive - on ne vous l'apprend pas - mise en place pour endiguer l'épidémie de Covid-19 et l'affluence dans les hôpitaux, qui demande aux habitant·e·s de neuf métropoles de se coucher à l'heure des poules. Ou en tout cas, de ne plus pointer le nez dehors passées 21 heures tapantes, et ce depuis le 16 octobre.
Dur. Nécessaire, mais dur.
D'autant plus que, crise sanitaire ou non, l'automne n'est pas vraiment réputé pour susciter un sentiment de joie de vivre flagrant. C'est même tout l'inverse, à en croire celles et ceux qui témoignent des effets de leur dépression saisonnière. Les journées se raccourcissent, le froid s'installe, les vacances se font plus rares, les apéros en terrasse, symbole ultime du retour du beau temps, aussi. On se raccroche d'habitude aux interactions sociales tardives et à la vie nocturne en général, mais là, difficile de se projeter sur le déguisement de notre prochaine grosse soirée Halloween.
On déprime.
Alors, que faire pour pallier le manque de l'occasionnel dîner bien arrosé entre potes, sans succomber à la (trop grande) tentation du trou noir de docu-séries sur Netflix, lesquelles nous passionnent autant qu'elles nous nuisent psychologiquement ? On a listé quelques alternatives qui devraient nous changer les idées, et nous occuper autrement qu'en engloutissant une tonne de contenus virtuels solo. Mater des films, c'est bien, mais à l'heure où notre santé mentale prend un sacré coup, voir des vrais gens, c'est mieux.
Les bars sont fermés, certes, mais les cafés et les restos, pas encore. En fin de journée, après le boulot, on file rejoindre son cercle de proches (six maximum, c'est l'heure de trier) dans un lieu qui nous met du baume au coeur. L'activité peut se pratiquer en semaine ou le week-end, et garantit d'ailleurs un réveil moins brutal qu'après une cuite phénoménale et un coucher à 4 heures du matin. Au moins, si notre esprit s'indigne, notre corps, lui, nous dit merci.
Pas besoin d'aller bien loin pour changer de paysage. Les urbain·e·s en ont de plus en plus ras-le-bol d'être coincé·e·s entre quatre murs, avec pour seule vue la fenêtre de salle de bain (pas si opaque) de leurs voisins. Et puis, le grand air, celui qui ne rime pas avec indice de pollution maximale, fait du bien.
On se renseigne sur les chemins de randonnées, les forêts ou les plages - voire les grands parcs - les plus proches de chez soi, et on part y faire un tour l'espace d'une journée. Après l'effort, le réconfort : on appréciera d'autant plus le rendez-vous (précoce) avec notre canapé.
Clairement l'un des seuls arguments sur lequel s'accordent les pro et anti-saison fraîche : la bouffe. Et plus précisément, la raclette, ou le symbole ultime de convivialité hivernale. Bien sûr, cette année, il faudra prendre quelques mesures. On s'attable le week-end à six maximum, dans une pièce assez grande pour installer une table où chacun·e pourra s'asseoir à un mètre de distance, et aérer régulièrement. Et puis, les masques dès que faire se peut, pour éviter tout risque de contamination, de refiler le virus autour de soi et de se taper la très redoutée semaine d'isolation totale. Elle aussi évidemment nécessaire, elle aussi forcément dure.
L'industrie du spectacle a besoin de nous : alors on fonce se faire la "dernière séance" de 18h30 ou celle de l'après-midi, le week-end. L'occasion, aussi, de rattraper notre retard en termes de spectacles et de films, et de renouer avec notre envie de multiplier les "vraies" sorties culturelles - on avait tristement délaissé les salles pour notre salon et son écran plat haute définition. A celles et ceux qui craindraient les contaminations dans ces lieux clos, sachez que le port du masque y est obligatoire, et la distanciation sociale contrôlée.
Le rituel prend de l'ampleur. Jusqu'ici apprécié pour ses vertus revigorantes après une grasse matinée, le brunch devient le rendez-vous social de notre semaine, et le Bloody Mary un accompagnement quasi automatique. Un peu comme l'apéro à 17 heures, on profite de ne pas être pressé·e·s par le temps pour décaler nos soirées au déjeuner.
A Europe 1, David explique d'ailleurs qu'il prévoit d'organiser l'événement à domicile, dès midi. "Ce sera au début avec du café ou du thé et, passé une certaine heure, on commencera à boire de l'alcool pour faire perdurer ce brunch jusqu'à 20 heures", détaille-t-il. "Chacun pourra cuisiner quelque chose pour maintenir ce lien social." Clémence, qui témoigne aussi auprès de la radio, y trouve même une aubaine pour les parents. "Avec les enfants, on n'a pas besoin de prendre de nounou. Ça fait faire des économies".
En cas de beau temps, les parcs constituent l'environnement idéal pour se retrouver en toute sécurité, avec plats et boissons maison (ou dénichés dans des restos alentours, histoire de soutenir les commerces locaux). On fait juste attention à ne pas lésiner sur les couches de vêtements : rester statique dans le froid sans l'équipement adapté ne vous rendra peut-être pas plus vulnérable face au Covid, mais il y a de bonnes chances que vous chopiez une crève carabinée. Prudence, donc. Et doudoune.
Les villes concernées regorgent de magasins qu'on aura longtemps boudés au profit de sites de shopping en ligne. Les samedis après-midi, on y fait un tour, de préférence dans les friperies et les petites boutiques qui font de l'éthique une priorité. Pas pour ressortir avec des sacs de fringues qu'on ne portera jamais, mais pour dégotter une pièce coup de coeur qui durera des années, ou à la rigueur : faire du lèche-vitrine en bonne compagnie. Le tout, c'est de se distraire.
L'événement enfantin est sur le retour. Puisqu'on ne peut plus sortir dans la rue de 21 heures à 6 heures le lendemain, la seule option pour passer davantage de temps à discuter que deux pauvres heures chronométrées, c'est de coucher sur place. Là encore, David a de la ressource : "J'ai anticipé en allant acheter un matelas 2 places et un matelas 1 place", confie-t-il à Europe 1. "On limitera le nombre de personnes à 6 ou 7 pour ne pas trop abuser." Là encore, on garde nos distances, on respecte les gestes barrières et on aère régulièrement les pièces. Et le lendemain, on enchaîne sur un brunch. Malin.
Les sorties vélo, la course à pied ou le yoga improvisé dans un parc sont autant d'alternatives à la fermeture des salles de sport et studios en tout genre. On préfère l'extérieur à l'intérieur pour des raisons évidentes de meilleure circulation de l'air, et coupler deux activités en une : l'exercice et la nature. Le tout avec un·e acolyte aussi motivé·e que nous, c'est-à-dire pas forcément partant·e pour un entraînement olympique.
Quitte à repenser son emploi du temps récréatif, pourquoi ne pas miser directement sur le petit-déjeuner ? On se lève tôt et on retrouve sa soeur/mère/amie autour d'un café-croissant à la terrasse du coin, en prenant les précautions adaptées (a.k.a masque et mètre de sécurité pour celles et ceux qui vivraient dans une grotte).
Une façon plus agréable qu'une demi-heure de métro pour démarrer la journée et qui, qui sait, deviendra peut-être routinière une fois que nos vies ne seront plus régies par le coronavirus. Vivement.