« Le slogan du discours d’hier, c’était le reniement, c’est maintenant ». Faisant allusion au slogan de la campagne présidentielle, de François Hollande, « Le changement, c’est maintenant », l’ancien ministre UMP, Laurent Wauquiez a jugé, ironique, le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault. « Pendant la campagne présidentielle, il n’y a pas eu un mot sur la rigueur... Et puis là, on a eu un discours qui était exactement l’inverse, qui s’ouvre sur la rigueur, qui s’ouvre sur le fait qu’il faille lutter contre nos déficits », a commenté Laurent Wauquiez sur les ondes de Radio Classique et sur Public Sénat. Pour lui, le discours de Jean-Marc Ayrault annonce « une rigueur qui n’a pas le courage de s’attaquer à la dépense (...) une rigueur qui passe principalement par des hausses d’impôt » et qui va « taper principalement » les « classes moyennes ».
Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé du gouvernement Sarkozy, Xavier Bertrand a, pour sa part, pointé de « curieux oublis ». Pourquoi le Premier ministre n’a-t-il « pas parlé du projet de relèvement de la CSG qui est dans les tiroirs du gouvernement », a-t-il ainsi interrogé sur les ondes de France Info. Ou « de la remise en cause des avantages fiscaux pour les emplois familiaux ? Il y a plus de trois millions de Français qui bénéficient de ces avantages, ce ne sont pas les plus riches ». Pour le député de l’Aisne, l’allocution de la veille n’était « pas un discours de politique générale pour les semaines qui viennent, mais pour les cinq ans qui viennent ».
Quant à François Baroin, il a préféré miser sur la critique économique. Sur France 2, l'ancien ministre de l’Économie a considéré que le discours de Jean-Marc Ayrault était marqué par une « erreur stratégique grave qui est de vouloir réduire les déficits en augmentant les dépenses et de combler l'ensemble, pour un effort qui représentera 40 milliards en six mois (...), qui se fera essentiellement sur une base fiscale ». Et d’ajouter « Ça va asphyxier l'économie ». L’ex-ministre UMP a également fustigé le style de l’actuel Premier ministre, dénonçant « un discours extraordinairement long, fastidieux. Il n'a pas évité le péril de l'ennui », a-t-il affirmé. Un point de vue partagé par Christian Estrosi. « Aussi long et aussi nul, de propos de Premier ministre, je ne l'ai jamais vu », avait-il déclaré hier, à sa sortie de l’Hémicycle.
Dès mardi soir, sur le plateau du Grand Journal de Canal+, François Fillon avait lui aussi critiqué le discours en question, le qualifiant de catastrophe économique et sociale. « On est en France et en Europe dans une situation économique déjà extrêmement fragile, on est sur une pente glissante et c'est le moment que le gouvernement choisit pour, grosso modo, ne pas baisser la dépense publique », a-t-il ainsi analysé. S’agissant de la décision de Jean-Marc Ayrault de ne pas baisser le nombre de fonctionnaires, François Fillon a dénoncé une « hausse du coût du travail dans un pays qui a déjà un record et qui a en gros 10 % de coût du travail supplémentaire par rapport à l'Allemagne » ainsi qu'un « matraquage fiscal sur les entreprises ».
Crédit photo : AFP
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