Les responsables de l’UMP, réunis lundi après-midi autour de leur secrétaire général Jean-François Copé, ont adopté leur stratégie pour le 2e tour des élections législatives, reprenant tous en chœur le refrain des cantonales : « ni Front Républicain, ni Front National ». Ainsi dans les cas de duel PS-FN (20 circonscriptions), les candidats déçus de l’UMP ne donneront aucune consigne de vote, et en cas de triangulaire, le candidat UMP arrivé en troisième position n’est pas censé se retirer pour laisser le champ libre à l’un ou à l’autre. Mais sur le terrain cette tactique déjà très contestée au sein même du parti en 2011 ne fait pas l’unanimité. Certains candidats arrivés loin derrière la gauche et le FN se verraient bien abandonner la course pour faire barrage au PS.
Roland Chassain, lui, n’a pas hésité. Arrivé 3e dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, le maire UMP des Saintes-Maries-de-la-Mer a renoncé à la triangulaire qui devait l’opposer à Michel Vauzelle (PS) qui a récolté 38,40% des voix au 1er tour, et Valérie Laupies, candidate FN arrivée deuxième avec 28,98% des suffrages. « Tous contre Michel Vauzelle », tel est le mot d’ordre de ce dissident qui crée le malaise à l’UMP. Un accord entre candidat de l’UMP et du FN est également probable dans le Gard, où l’avocat Gilbert Collard est arrivé en tête dimanche soir avec 34,57% des voix, juste devant la socialiste Katy Guyot (32,87%), et loin devant le député UMP sortant Etienne Mourrut (23,89%). Celui-ci, âgé de 72 ans, doit annoncer aujourd’hui s’il se maintient ou pas face au challenger du FN.
Si la conduite à tenir face à la montée du FN crée des tensions à droite, un sondage Ipsos/Logica business consulting réalisé jusqu'à la veille du scrutin, révélait que deux électeurs de l'UMP sur trois sont partisans d'un accord de désistement mutuel entre un candidat de droite et un du FN quand il s'agit de battre un candidat de gauche au second tour.
Il est pourtant une circonscription où l’UMP appelle explicitement à voter pour un candidat socialiste, cela se passe à la Rochelle. Au premier tour, Ségolène Royal a eu beau arriver en tête, avec 32% des voix, elle n’est pas parvenue à évincer le candidat dissident Olivier Falorni, en deuxième position avec 28,9% des voix. Celui-ci, un homme du cru, a été exclu du parti socialiste en février dernier pour avoir maintenu sa candidature malgré le parachutage de l’ex-candidate à la présidentielle. Le président UMP du Conseil général de Charente-Maritime et ancien ministre Dominique Bussereau n’a pas hésité à en remettre une couche en appelant à voter Olivier Falorni. Pour la gauche au pouvoir, la défaite de l’ancienne compagne du président de la République, qui plus est promise au perchoir de l’Assemblée nationale, constituerait une déconvenue symbolique, que le parti veut à tout prix éviter. La première secrétaire Martine Aubry a ainsi annulé un déplacement dans le Gard afin de se rendre mardi à La Rochelle avec la ministre écologiste Cécile Duflot « pour soutenir Ségolène Royal le jour-même où elle dépose sa candidature pour le second tour ». Une médiation émanant des rangs de François Hollande devrait intervenir avant que le candidat Falorni ne dépose ses bulletins pour le 2e tour.
Du côté du FN, la plupart des candidats qualifiés au second tour seront maintenus. Des triangulaires auront lieu dans 32 circonscriptions avec la présence du Front National, qui est qualifié par ailleurs dans 29 duels (20 face à la gauche, 9 face à la droite). Marine Le Pen entend même déclarer la guerre à une « liste noire » de huit candidats qu’elle veut faire battre : Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Georges Tron et Manuel Aeschlimann, pour les UMP, et les socialistes Jack Lang et François Pupponi. Ainsi la présidente du FN a-t-elle appelé pour la première fois les électeurs FN à voter pour le Parti socialiste pour faire battre NKM dans l'Essonne. Tous les coups –même tordus- sont donc permis ; reste à voir quelles stratégies paieront dans les urnes dimanche.
Crédit photo : AFP/Alain Jocard
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