S'il y a bien un endroit où il est surprenant de voir une militante body positive, anti-raciste, féministe, anti-harcèlement et mannequin "plus size", c'est bien dans une émission du PAF français. Pourtant, Harnaam Kaur était bien l'invitée de Thierry Ardisson samedi soir, pour raconter son parcours de la haine à l'amour de soi, puis, à l'envie d'inspirer les autres à en faire de même.
À onze ans, la vie de cette jeune Anglaise bascule : des poils commencent à pousser sur son visage (ainsi que le torse, les bras, jambes), et elle prend du poids. Le dérèglement hormonoal dont elle subit tout à coup les conséquences s'appelle le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK, dont souffrent presque 10% des femmes, à des échelles différentes). Subissant déjà avant cela des moqueries sur sa couleur de peau de la part de ses camarades, sa vie devient un enfer.
Elle s'essaye à toutes les méthodes possibles et imaginabes pour se débarasser de cette pilosité, rien n'y fait. À 16 ans, le poids du harcèlement quotidien et de l'image d'inadéquation que lui renvoie la société devient trop lourd, et l'amène au bord du suicide. Puis, elle a le déclic : elle décide d'apprendre à aimer son corps avec la même énergie, la même détermination qu'elle a mis à le haïr.
Il se trouve aussi qu'elle était en âge de faire son baptême sikh, philosophie qui l'a encouragée à ne pas aller à l'encontre de son apparence "naturelle". Si aujourd'hui, à 24 ans, elle a pris de la distance avec son héritage religieux (elle a des tatouages, elle se rase les jambes, et les trolls sont bien là pour pointer cette "contradiction", à laquelle elle répond très simplement que ses choix ne les concernent pas), elle a véritablement fait la paix avec elle-même, et inspire à présent bien d'autres femmes, et d'hommes, à en faire de même.
Voici un peu plus de deux ans qu'Harnaam Kaur bouscule les codes, et enflamme le net. Son parcours, son optimisme, sa force et son applomb en ont fait une figure de proue du mouvement body positive. Elle prend à présent régulièrement la parole pour dénoncer le harcèlement, surtout en milieu scolaire, et prôner l'acceptation de soi. Mais elle se positionne aussi comme militante féministe et LGBTIQ+. Femme à barbe, racisée, ronde et tatouée, ses différence l'ont amenée à être à la fois très combattive et très empathique, elle a désormais plus de 52.000 abonnés sur Instagram .
Mais ce n'est pas tout. Forte de cette popularité sur le net, elle est devenue mannequin pour l'agence londonienne Ugly Rage Models et a récemment fait la couverture de Rock'N'Roll Bride, magazine spécialisé dans le mariage. Elle s'apprête aussi à faire son tout premier défilé, pour la créatrice Marianna Harutunian, dont les bijoux ont déjà été portés par Lady Gaga, Madonna, Paris Hilton ou encore Kylie Jenner, vendredi 19 février, à Londres.
Les commentaires des internautes qui la suivent sont sans équivoque : voir quelqu'un "d'aussi hors normes" s'assumer avec autant de souriante sincérité nous fait relativiser sur nos trois vergetures et deux rides qui se battent en duel. Mission accomplie pour la jeune femme qui ne souhaite que le bonheur des autres, maintenant qu'elle a trouvé le sien, et qui est plus que jamais déterminée à faire passer le message que s'aimer tel que l'on est est une option. Une bien meilleure option, du moins, qu'une guerre permanente et haineuse contre soi-même, même si cela demande du travail pour affronter les injonctions sociétales et le regard des autres. Et un peu de courage, aussi. Comptez sur elle pour continuer d'en redistribuer à la pelle !