"La France franchira la barre des 10 millions de pauvres en 2020 ", alertait au Parisien Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique, en novembre dernier. C'est un million de plus qu'avant la crise sanitaire. A Noël, de nombreuses associations organisent des collectes, des dons, des rendez-vous pour permettre aux personnes en grande précarité de goûter à l'esprit de fêtes, de tisser des liens et de se nourrir à leur faim. On en a listé sept, auxquelles participer seul·e, à plusieurs, et même avec ses enfants.
Que l'on choisisse une ONG ou une association locale, faire un don d'argent permet aux structures qui viennent en aide aux personnes les plus précaires de pouvoir les équiper, les nourrir, les épauler au quotidien. Niveau budget, n'importe quelle somme est la bienvenue. Que l'on débourse dix euros de façon ponctuelle ou que l'on reverse chaque mois une petite contribution à plusieurs organismes, cette participation peut faire toute la différence. On pense notamment à l'association Dons solidaires, qui achète des cadeaux de Noël, des vêtements et des produits d'hygiène, ou à Utopia56, qui oeuvre auprès des réfugié·e·s et exilé·e·s à Calais, Paris, Rennes, Toulouse ou Tours.
Il existe aussi de nombreuses cagnottes mises en place sur Internet, qui ciblent davantage leurs actions, et aident de façon concrète celles et ceux qui en ont besoin. C'est le cas de l'association Réchauffons nos SDF, montée par Sarah Frikh, qui a déjà sorti plusieurs personnes de la rue, notamment grâce à la chaîne citoyenne d'entraide que les réseaux sociaux permettent de mettre en place. Et donc, aux dons.
Le 6 décembre, la militante de 41 ans invitée sur le plateau de BFM TV racontait par exemple l'histoire de Mélanie, une jeune femme mauricienne qui vivait dans les sous-sols de La Défense. Après avoir été prise en charge par ses soins, elle avait pu trouver un logement grâce au soutien financier, mais pas seulement, de sa communauté. Aujourd'hui, "elle va bien", assure-t-elle. La preuve que ces actions sont essentielles, et efficaces.
Partout en France, nombreux collectifs récoltent des biens pour les familles les plus démunies. Des vêtements, de la nourriture, mais aussi et surtout en période de Noël : des jouets. Des poupées, des petites voitures, des jeux de société destinés aux enfants qui n'auraient, sinon, pas la possibilité de se réveiller avec des cadeaux sous le sapin. Une réalité qui, à l'approche des fêtes de 2020, touche 20 % des petit·e·s français·e·s.
Pour y remédier, il y a par exemple les Pères Noël verts du Secours populaire, qui sollicitent le grand public pour récupérer des dons financiers d'une part, et des dons de jouets neufs et des mets culinaires de l'autre. Grâce à cette solidarité, les organisateur·rice·s de l'initiative assurent qu'ils pourront offrir, en 2020, des cadeaux à plus de 2 500 foyers et près de 6 000 enfants, soit un bilan supérieur à 2019. Afin d'y participer, il suffit de se rendre sur le site pour localiser la "hotte" la plus proche, de prendre rendez-vous pour éviter l'afflux (mesures sanitaires obligent), et d'y déposer son ou ses présents en respectant les gestes barrières.
Pour ce qui est des vêtements ou de l'alimentaire, on peut se diriger vers Les Restos du coeur, Utopia56 ou Emmaüs.
Afin de sensibiliser les plus jeunes à la solidarité, certaines associations spécialisées dans l'aide à l'enfance invitent parents et grands-parents à offrir un parrainage. Plus précisément, il s'agit d'une correspondance avec un·e enfant issu·e d'un milieu défavorisé, associée à une contribution financière dédiée à payer ses études et son matériel scolaire. L'ONG Enfants du Mékong propose en outre de mettre en relation des petit·e·s français·e·s avec des jeunes issu·e·s d'Asie du sud-est. Un "cadeau intelligent et pédagogique", décrit l'organisation.
C'est le cas de Jade, 12 ans, habitant à Castelnau-le-Lez près de Montpellier. Depuis trois ans maintenant, elle parraine Quynh Pha, une Vietnamienne de son âge. A France Bleu, elle raconte : "On s'écrit des lettres une ou deux fois par an. Ça passe par des traducteurs, elle me raconte ce qui se passe dans son école, dans son pays et moi je parle de la nature et de la France". La collégienne espère même un jour la rencontrer. "Avec mes grands-parents j'aurai dû aller au Vietnam pour pouvoir rencontrer Jade mais à cause du Covid-19, on n'y est pas allés. Je pense qu'on ira l'an prochain ou dans deux ans", poursuit-elle.
Cet échange coûte 28 euros par mois, lesquels paient l'uniforme, les livres, les fournitures de Quynh Pha. En 2020, ce sont 700 enfants qui attendent d'être parrainé·e·s au sein d'Enfants du Mékong.
Si nos moyens sont réduits, il est toujours possible de donner du temps en devenant bénévole auprès de différentes associations qui se battent pour différentes causes. A Noël, plusieurs d'entre elles lancent d'habitude des "Réveillons solidaires", une façon pour les personnes isolées de le célébrer entourées de monde, avec un repas copieux soigneusement préparé et une atmosphère festive. En 2020, face à la crise du Covid-19, ces organismes ont décidé de réinventer le concept.
Une soupe impopulaire sera par exemple cuisinée par les bénévoles et distribuée aux personnes sans-abri de la ville de Strasbourg par l'association La Cloche, qui a aussi prévu, le 23 décembre, un jeu de piste par binôme avec collation. Dans le Gers, le 24 décembre, Agir Ensemble pour Défier la Solitude entend livrer des paniers avec repas de Noël, cadeaux et masques à plus de cent personnes âgées isolées - et surtout organiser un temps d'échange avec chacune d'entre elles.
Partout en France, des maraudes de Noël sont également mises en place. Le site Entraides-Citoyennes en liste nombreuses. Et pour les non-initié·e·s, Maraudes.fr définit le terme ainsi : "la maraude 'consiste à prendre l'initiative d'une rencontre avec une personne vivant dans l'espace public, la rue ou tout autre lieu précaire'. 'Elle a pour cadre l'espace de vie de la personne à un moment donné de son parcours. Ce premier contact peut intervenir avant même une éventuelle demande formulée par la personne'."
Pour trouver les événements qui se déroulent dans chaque ville, et savoir quelles structures ont besoin de renfort, la Fondation de France, la Croix-Rouge ou encore Les Petits frères des pauvres recensent lieux et missions.
"Il y a chaque soir des centaines d'exilé·e·s extrêmement vulnérables qui passent la nuit dehors, à Paris, à Calais et partout en France", dénonce Utopia56. Pour tenter de pallier ce fléau, l'association d'aide aux réfugié·e·s encourage à l'hébergement solidaire et citoyen, par le biais de trois programmes qui diffèrent par leur durée d'accueil et le genre d'hébergements mis à disposition : l'hébergement citoyen d'urgence à Paris pour une ou plusieurs nuits, l'hébergement dans des locaux professionnels et l'hébergement solidaire de mineur·e·s non accompagné·e·s.
A chaque fois, un·e membre d'Utopia56 s'assure de répondre à toutes les questions des personnes qui prêtent leur logement ou bureau, et à ce que les mesures sanitaires et de sécurité soient respectées. "[Nous] nécessitons votre aide plus que jamais face au nombre important de familles laissées à la rue par les autorités", interpelle l'asso. Alors, pourquoi ne pas prêter son appartement pendant les fêtes si on rentre dans sa famille, justement ?
Un peu de chaleur de Noël, ça passe aussi par un mot d'encouragement, de soutien et un dessin. C'est pour ça que l'association Entourage a lancé "Le Fat'coeur est passé", une collecte de cartes de voeux auprès de particuliers, d'entreprises et d'enfants dans les écoles, qui seront ensuite transmises à près de 500 personnes SDF. "Les personnes qui le souhaitent pourront laisser leur numéro de téléphone ou leur email pour échanger avec la personne qui recevra leur carte", ajoute Entourage, qui oeuvre pour maintenir un lien social, virtuel et en face à face, auprès des plus précaires.
Sur son site, on trouve même quelques conseils utiles pour l'écriture de la lettre. "Présentez-vous, parlez de vous, offrez votre sympathie et vos encouragements", et des exemples de phrases plus concrètes pour faire venir l'inspiration. Des missives à envoyer avant le 31 janvier 2021.
Cette jolie idée vient de Franche-Comté. En la découvrant, la trentenaire parisienne Clémence Avril décide d'importer le principe à Paris. Elle crée alors la page Facebook "Boîtes de Noël - Paris", et y inscrit le concept. D'abord, on prend une boîte à chaussures dans laquelle on place plusieurs objets de nécessité, de petit plaisir et de réconfort. Un truc chaud (bonnet, écharpe, gants...), un truc bon (gâteau, chocolat...), un produit de beauté (protections hygiéniques, gel douche, dentifrice...), un mot doux et un loisir (livre, BD, magazine...).
Ensuite, on décore la boîte de papier cadeau, de dessins, de papier journal..., on l'emballe et on la donne à quelqu'un que l'on côtoie régulièrement proche de chez nous, ou on repère un point de collecte dans notre ville (lesquels sont répertoriés juste ici.) Aujourd'hui, plus de dix milles boîtes ont déjà été récoltées rien qu'en région parisienne. Une initiative géniale - et adaptée aux plus jeunes - qui est sûre de faire des heureux·se·s, surtout après une année aussi difficile, entre solitude destructrice et accroissement de la précarité, pour les sans-abris.
Raison de plus pour redoubler de solidarité.