Quand on leur pose la question du concept de la maison des Babayagas à Montreuil, les locataires toutes seniors et enthousiastes répondent : c’est une alternative à l’isolement et le « mouroir » que constituent les maisons de retraite, un nouveau mode de vie au crépuscule de l'existence. Entre la progression de l’espérance de vie, l’éclatement des familles et la baisse du pouvoir d’achat des retraités, la vie en communauté semble pour elles une option cohérente et agréable. Pour la bonne marche de l’habitation, les membres de la communauté respectent une charte de conduite.
Thérèse Clerc, 85 ans, féministe leader du projet des Babayagas raconte : « Rester chez soi à tout prix n'est ni agréable ni exempt d'accident. Je me suis dit que ce serait gai de vivre entre femmes avec des activités qui nous stimulent. À 85 ans, enfiler des chaussettes, c'est compliqué. Mais entre copines… »
Dans cette HLM de 21 appartements, les locataires ont toutes des revenus modestes, ce qui n’est pas le cas de Thérèse qui possède son propre logement. Classé logement social, la maison des Babayagas est tenue de réserver quatre appartements pour de jeunes femmes ou hommes.
Si le projet de Montreuil est bien avancé, l’idée fait son chemin dans d’autres villes franciliennes. À Palaiseau dans l'Essonne, Gisèle Tersou a 77 ans et rêve du jour où elle pourra prendre part à ce genre d’habitat collectif autogéré : « On reprendrait le modèle de Montreuil ». Mais la vieille dame émet des réserves sur les conditions trop strictes, selon elle, pour habiter dans la maison des Babayagas : « Je ne suis pas une féministe pure et dure. Nos compagnons peuvent aussi avoir accès à cette solidarité dans le vieillissement. »
Crédit photo : Photodisc
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